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Sommet pour un nouveau pacte financier : ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron, invité exceptionnel de franceinfo

En direct du Palais Brongniart, à Paris, le chef de l'Etat a été interrogé sur le défi de la transition écologique et l’aide apportée aux pays en voie de développement afin d’affronter l’urgence climatique et la lutte contre la pauvreté.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, invité de franceinfo, le 23 juin 2023. (FRANCEINFO)

Emmanuel Macron était l'invité exceptionnel de franceinfo radio, franceinfo Canal 27, RFI et France 24 vendredi 23 juin à 8h30, à l’occasion du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tient à Paris. Le président de la République répondait aux questions de Marc Fauvelle (franceinfo), Mounia Daoudi (RFI) et Stéphane Ballong (France 24). 

>> Programme, invités, enjeux... Ce qu'il faut savoir sur le sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui débute jeudi à Paris

En direct du Palais Brongniart à Paris, le chef de l'Etat a été interrogé sur le défi de la transition écologique et l’aide apportée aux pays en voie de développement afin d’affronter l’urgence climatique et la lutte contre la pauvreté. 

Retrouvez l'intégralité de l'entretien d'Emmanuel Macron en vidéo : 

"On ne peut régler aucun problème, si le monde se divise"

Ce sommet a pour but de "réconcilier la lutte contre la pauvreté, la lutte pour la biodiversité et la lutte contre les dérèglements climatiques", a déclaré Emmanuel Macron, avant de préciser qu'"On ne peut régler aucun problème, si le monde se divise", alors que de nombreux dirigeants sont présents à ce sommet.

"On ne peut pas choisir" entre pauvreté et climat

"On ne peut pas choisir" entre pauvreté et climat, a également réaffirmé le président de la République, en direct du palais Brongniart, dans le cadre du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. "Personne ne peut réussir si on ne gagne pas ce combat conjoint pauvreté-climat", insiste-t-il. "Les pays du Sud sont des réserves de biodiversité".

"Nous allons réallouer 40% de nos droits de tirages spéciaux"

La France va réallouer 40% de ses droits de tirages spéciaux au sein du Fonds monétaire
international (FMI), a annoncé Emmanuel Macron. "On a lancé il y a deux ans à Paris la réattribution des droits de tirages spéciaux du FMI vers les pays les plus pauvres, en particulier africains. On a dit qu’il faut qu’au moins 100 milliards d’euros soient réalloués, (...) Nous, Français, nous allons réallouer 40% de nos droits de tirages spéciaux, c’est du concret", a-t-il affirmé.

Les droits de tirage spéciaux ("Special Drawing Rights") sont un instrument monétaire destiné à compléter les réserves officielles des Etats. 

"Aberrant [que] des pays rouvrent des centrales à charbon"

"La priorité, c’est de sortir les grands" pays "émergents du charbon", a affirmé le chef de l'Etat. "On veut permettre aussi aux pays de se développer de la meilleure manière possible", a-t-il souligné. Le chef d'Etat français, organisateur du Sommet pour un nouveau pacte financier a redit son engagement à mobiliser 2,5 milliards d'euros, avec un groupe de pays riches et de banques de développement, pour aider par exemple le Sénégal à réduire sa dépendance aux énergies fossiles. "On va permettre au Sénégal de développer ses projets gaziers" et un accroissement du renouvelable, a affirmé Emmanuel Macron, estimant que le gaz est "une énergie de transition". "Ce qui ne va pas, c'est si on dit aux pays émergents : 'vous avez du gaz, mais vous, vous n'avez pas le droit de l'utiliser alors même qu'en Europe vous avez des pays qui ouvrent des centrales à charbon'", a-t-il expliqué. "C'est aberrant", a-t-il regretté.

"Personne ne peut réussir si on ne gagne pas ce combat conjoint pauvreté-climat", a résumé le président français, vantant également les avancées "très concrètes" du Sommet de Paris, notamment au sujet de la restructuration de la dette de la Zambie. Jeudi, les pays créanciers de la Zambie, dont la Chine, se sont mis d'accord pour restructurer une partie de sa dette. Mais le locataire de l'Élysée a balayé l'idée d'annuler la dette des pays du Sud, défendant une restructuration de leur dette avec "des modèles de financement durable". "Si vous annulez du jour au lendemain la dette, le jour d'après, bon courage pour aller chercher des gens qui vont vous prêtez à nouveau", a lancé Emmanuel Macron. La dette "si elle dépasse un certain niveau" est "un piège" pour les pays du Sud, citant la dette contractée par certains pays d'Afrique auprès de la Chine. Si la dette contractée avec la Chine "dépasse un certain niveau, c'est un piège pour ces pays, a insisté le chef de l'Etat. On doit avoir un cadre commun qui est plutôt le cadre de l'OCDE, c'est-à-dire qui définit ce qu'est une dette soutenable".

"Il faut une taxation internationale"

"Il faut une taxation internationale" pour financer la lutte contre la pauvreté et le climat, a plaidé Emmanuel Macron, en direct du palais Brongniart, dans le cadre du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Il a insisté sur une taxation à l'échelle internationale : "Ça ne marche pas quand on le fait tout seul", a-t-il martelé. "Le socialisme dans un seul pays, ça ne fonctionne pas, et la taxation internationale dans un seul pays, ça ne marche pas, parce que ce n'est pas une taxation internationale et ça pénalise ce pays", a-t-il développé.

Le président de la République a appelé à une "mobilisation" pour mettre en place un système de taxation internationale sur les transactions financières (TTF), les billets d'avion et le transport maritime afin de financer la lutte pour le climat et contre la pauvreté. "J'appelle à la mobilisation. Aidez-nous à aller chercher tous les pays qui aujourd'hui n'ont pas de TTF et qui aujourd'hui n'ont pas de taxation sur les billets d'avion. Aidez-nous à mobiliser à l'Organisation maritime internationale en juillet pour qu'il y ait une taxation internationale avec la Chine sur le transport maritime", a poursuivi le chef de l'Etat.

"Nous, en France, on a une taxe sur les transactions financières. Qui l'a fait autour de nous ? Quasiment personne", a expliqué le chef de l'Etat français. "Ça ne marche pas quand on le fait tout seul parce qu'on est puni, les flux financiers vont ailleurs", a affirmé Emmanuel Macron. Parmi les autres idées en débats, une taxation internationale sur les billets d'avion. "On le fait en France, ça ne marche pas, a souligné Emmanuel Macron. On ne lève pas assez d'argent et on se pénalise. On ne veut pas dire qu'on massacre nos compagnies aériennes et qu'elles aillent toutes dans les pays du Golfe pour faire de l'argent".

Ce sommet montre "l'isolement de la Russie"

Interrogé sur la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a indiqué : "Qu'est-ce que dit ce sommet ? L'isolement de la Russie".  Selon le chef de l'Etat, avant de reprendre le dialogue avec Vladimir Poutine sur les enjeux de demain, "il faut d'abord que la Russie arrête la guerre, accepte de respecter le droit international".

Emmanuel Macron ne prévoit pas d'initiative particulière pour renouer le dialogue avec Vladimir Poutine : "Je n'ai pas de raison de l'appeler aujourd'hui. Il y a une contre-offensive ukrainienne. Le temps viendra, je l'espère, de négociations aux conditions de l'Ukraine. Par contre, s'il m'appelle pour proposer quelque chose, je le prendrai parce que la France a toujours été une puissance facilitatrice et de médiation", a-t-il déclaré.

Le président de la République estime que "la Russie s'est mise de son propre chef dans une situation qui est de ne plus respecter le droit international, de redevenir au fond l'une des seules puissances coloniales du XXIe siècle en menant une guerre d'empire auprès de son voisin, l'Ukraine". Il a dénoncé le rôle que joue la Russie en Afrique alors que le continent est confronté à une double crise climatique et de la pauvreté : "C'est une puissance de déstabilisation de l'Afrique à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation des exactions sur les populations civiles", a-t-il expliqué. "Cela a été documenté par les Nations unies en République centrafricaine à travers la milice Wagner", a-t-il précisé. La Russie ne joue pas "un rôle bénéfique pour la communauté internationale", a-t-il conclu.

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