Retraites, régimes spéciaux, débat parlementaire, IVG, Ukraine... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Aurore Bergé
La présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale et députée des Yvelines était l'invitée du "8h30 franceinfo", lundi 6 février 2023.
Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale et députée des Yvelines était l'invitée du 8h30 franceinfo, lundi 6 février 2023. Elle répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Carrières longues : l'amendement LR coûte "beaucoup trop cher"
Aurore Bergé a rejeté l'amendement d’Aurélien Pradié qui permettrait à ceux qui ont commencé à travailler à 21 ans de partir à la retraite avant 64 ans, dès lors qu’ils auront cotisé au moins un trimestre avant l’âge de 21 ans. C’est une mesure "beaucoup trop chère", répond la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. Le coût est estimé à 10 milliards d'euros. La Première ministre a fait un geste en proposant que ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans de façon continue puissent partir à la retraite à 63 ans, et non à 64 ans.
Mais pour Les Républicains, le compte n’y est pas. Ils conditionnent leur soutien à la réforme à l’adoption de leur amendement : "Si je fais un job d'été pendant quatre ou cinq semaines, est-ce que ce serait normal comme le demandent Les Républicains que je puisse partir à 63 ans ? La réponse est non. Ce n’est pas parce que j'ai bossé quatre ou cinq semaines l'été que je suis dans la même condition que celui qui a commencé à travailler à 20 ans sans discontinuer", a-t-elle répondu.
L’emploi des séniors : "C'est un gâchis monumental"
Aurore Bergé "souhaite qu'on interdise désormais dans notre pays - c’est ce qu'on va porter dans une future loi - à la fois les ruptures conventionnelles collectives et les départs à la retraite qui sont vraiment ciblés sur une question d'âge". "C’est un gâchis monumental dans notre pays. C'est un gâchis social, humain, mais aussi économique de se séparer plus tôt de ceux qui ont des compétences", a-t-elle estimé.
La députée souhaite obliger les entreprises "à faire un plan d'action annuel pour venir corriger ces disparités qui peuvent exister". L’entreprise qui refuserait de publier ses résultats, "on va la sanctionner financièrement", a-t-elle prévenu. Si les résultats des entreprises ne sont pas bons en matière d’emploi des séniors, les députés pourraient "aller un cran plus loin" en ajoutant une "sanction financière" dans deux ans, a expliqué Aurore Bergé. Elle ne souhaite pas de sanctions financières la première année : "Ce n'est pas cohérent avec l'idée que vous créez quelque chose de nouveau".
Débat parlementaire sur les retraites : "Dans mon groupe, aucune voix ne manquera"
"Dans mon groupe, aucune voix ne manquera pour voter la réforme des retraites", a-t-elle assuré. Aurore Bergé assure que les députés Renaissance répondront présent : "Je ne demanderai jamais à un parlementaire de ne pas s'exprimer et de ne pas venir. Mais vous verrez qu'ils viendront et qu'ils viendront voter pour la réforme", a-t-elle assuré.
"C'est important parfois de résister à la pression aussi de l'opinion publique et de ne pas en permanence uniquement dire ce qui est attendu de nous. Je sais qu'en portant la réforme des retraites, c'est une réforme qui est difficile. C'est une réforme qui est difficile parce qu'elle demande des efforts à des millions de Français", a-t-elle expliqué.
Suppression des régimes spéciaux des sénateurs : "J'espère que les sénateurs vont le faire"
"À partir du moment où on demande des efforts aux Français, il faut se les appliquer à soi-même. C'est ce qu'on a fait à l'Assemblée", a-t-elle affirmé. "J'espère que les sénateurs vont le faire aussi. C'est une question de cohérence et de justice", a-t-elle ajouté. Constitutionnellement, les députés ne peuvent pas interférer sur le Sénat : "Il faut que ce soit une décision du bureau du Sénat qui décide de modifier le régime parce que c'est financé sur la caisse du Sénat", a-t-elle expliqué.
IVG dans la constitution : le Congrès "plus raisonnable" que le référendum
Aurore Bergé se "réjouit que le Sénat ait voté l'inscription dans la Constitution de la reconnaissance de l'IVG". Les sénateurs ont voté l'inscription de l’IVG dans la Constitution en évoquant une liberté des femmes et non pas un droit comme l’avaient proposé les députés. La parlementaire ne souhaite pas réécrire le texte des sénateurs : "Je ne veux pas qu'il y ait une bataille de chiffonniers pour se dire quel est le meilleur des textes. Le meilleur des textes est celui qui a une chance de recueillir une majorité à l'Assemblée et au Sénat pour qu'à la fin de notre mandat, la Constitution ait été modifiée", a-t-elle expliqué.
Aurore Berger a rejeté la voie référendaire : "Est-ce que le référendum ne prendrait pas le risque de rouvrir des débats qu'on ne souhaite pas voir rouvrir dans notre pays avec des anti-IVG ?", s’est-elle interrogée. "On sait aujourd'hui, avec le vote du Sénat, qu'on a une majorité des 3/5e puisqu'au Congrès, il faut réunir 3/5e de l'Assemblée et du Sénat pour faire adopter un texte. Je pense que c'est plus raisonnable", a-t-elle estimé. "Avant la fin du mandat, la Constitution aura été modifiée et la Constitution intégrera le droit à l'IVG."
Ukraine : la livraison d'armes, une "prérogative" du chef de l'Etat
La livraison d’armes à l’Ukraine "reste une prérogative qui est celle du chef des armées", c’est-à-dire Emmanuel Macron, a-t-elle affirmé, alors que des voix dans l’opposition réclament un débat parlementaire. "Un débat au Parlement, à l'Assemblée, au Sénat, ça peut être des semaines de débats. Est-ce que les Ukrainiens ont des semaines devant eux quand ils demandent parfois, quand ils supplient d'avoir des supplémentaires ?", a-t-elle interrogé. "Il vaut mieux surtout faire en sorte qu'à la fin les Ukrainiens gagnent cette guerre. C'est ça l'objectif", a souligné Aurore Bergé.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du lundi 6 février 2023 :
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