Prix de l'alimentaire, panier anti-inflation, sécheresse... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Christiane Lambert
La présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitations agricoles) était l'invitée du 8h30 franceinfo, samedi 4 mars 2023.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitations agricoles), était l'invitée du 8h30 franceinfo, samedi 4 mars 2023. Prix de l'alimentation, panier anti-inflation, sécheresse... Elle répondait aux questions de Jules de Kiss et Benjamin Sportouch.
Prix de l'alimentaire : vers une augmentation de 10%, "nous allons avoir un retour"
Les prix de l'alimentaire vont augmenter de 10% en moyenne après les négociations annuelles entre les distributeurs et l'industrie agro-alimentaire. Les distributeurs "ont donné 10% là où les industriels demandaient 15%. Pourquoi ? Chez les agriculteurs, la hausse des charges est de 18%, c'est 35% sur deux ans, on n'a jamais connu cela et il nous faut le répercuter", détaille Christiane Lambert. "Nous allons avoir un retour, mais pour les industriels, c'est plus difficile, ils n'arrivent pas à passer les hausses de cartons, d'emballage, de salaires, de logistique", affirme-t-elle.
Christiane Lambert rappelle que la loi alimentation oblige les distributeurs à mieux rémunérer les agriculteurs. "Il y a dans la loi l'obligation de garder le prix payé aux agriculteurs, l'acheteur ne peut pas revenir en arrière, c'est bien pour nous", explique la patronne de la FNSEA.
Hausse des prix : "Il n'y aura pas de panier anti-inflation"
Le panier anti-inflation proposé par le gouvernement "n'adviendra pas", affirme Christiane Lambert. "Nous avons rencontré Bruno Le Maire avant-hier, et il nous l'a confirmé, il n'y aura pas de panier anti-inflation". La FNSEA y était défavorable, car "il va casser les prix et s'adresser à tout le monde", alors que le premier syndicat agricole plaide pour des actions plus ciblées.
Rémunération des agriculteurs : "C'est un choc de payer son alimentation plus cher, mais c'est nécessaire"
Mieux rémunérer les agriculteurs implique une augmentation des prix pour les consommateurs, comme le rappelait Michel-Edouard Leclerc, vendredi sur franceinfo. "Je ne conteste pas", répond Christiane Lambert, "pendant dix ans, il a vendu moins cher et moins cher, et depuis dix ans, on a perdu 100 000 fermes". La France est un pays "où la distribution concentrée a écrasé les prix" et les Français sont "habitués à manger pour pas cher".
"C'est un choc de payer plus cher aujourd'hui, mais c'est nécessaire si on veut garder nos agriculteurs et attirer des jeunes", rappelle-t-elle, alors que "40% des agriculteurs vont partir à la retraite dans dix ans". Il s'agit selon elle de "garder l'agriculture française" et de ne pas avoir le même destin que "l'industriel textile en France".
Sécheresse : "Il faut mieux gérer l'eau" car "produire moins, c'est produire de l'inflation"
Sur la sécheresse, Christiane Lambert affirme que le mois de mars est "le point de bascule". "Les animaux souffrent, on cherche des alternatives au fourrage", raconte-t-elle alors que la France connaît une sécheresse hivernale historique. Elle se dit à nouveau favorable à des retenues d'eau : "Ce ne sont pas des méga-bassines, mais des réserves d'eau hivernales, en puisant dans les nappes sur autorisation de la préfecture". "Les années où on ne pourra pas les remplir, on ne les remplira pas", mais cela permet de "maintenir l'agriculture sur ces territoires", selon elle. Il faut aussi "mieux utiliser les eaux usées".
Cet enjeu est crucial, car le manque d'eau pourra produire des hausses de prix. "Si on ne stocke pas l'eau, on produira moins et ce sera plus cher", explique Christiane Lambert, citant l'exemple des haricots verts en Bretagne, dont "la moitié n'a pas levé". "Produire moins, c'est produire de l'inflation", résume-t-elle.
Nouvelle loi sur les litiges entre voisins et agriculteurs : "Ce n'est pas une loi gadget"
En déplacement au Salon de l'agriculture, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé un texte de loi pour régler les litiges entre voisins et agriculteurs. "Ce n'est pas une loi gadget", assure Christiane Lambert. Elle cite "des procès incroyables", par exemple "une plainte pour meuglement nocturne de vache". "On va devoir apprendre aux vaches à ne pas meugler ?", s'interroge-t-elle.
Selon elle, "la question, c'est la tolérance". "La campagne, c'est le lieu du travail des agriculteurs, beaucoup de gens arrivent à la campagne et y voient un éden", avance Christiane Lambert. "Quand je vais à Paris, je ne me plains pas de la pollution", conclut-elle.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du samedi 4 mars 2023 :
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