Plan santé : "Dans la maladie chronique et la prévention, nous ne sommes pas bons", selon le professeur André Grimaldi
Le professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris estime, mardi, que le système actuel de santé a été "construit sur les maladies aiguës" et qu'il faut davantage l'axer sur "la prévention".
Le professeur émérite de diabétologie, André Grimaldi, a réagi aux grandes lignes du plan santé présenté mardi 18 septembre par le chef de l'État. Pour ce médecin du CHU de la Pitié-Salpêtrière, la France a construit son système de soins sur la maladie aiguë, avec de très bons résultats, mais il estime qu'il faut le cibler à présent sur les maladies chroniques, et donc la prévention.
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"On a comprimé les dépenses de santé, selon le médecin. "On était dans les tous premiers, on est aujourd'hui, en pouvoir d'achat, 14ème des pays de l'OCDE. Cela explique aussi que le salaire d'une infirmière débutante, c'est 1 700 euros." Et surtout, "le défi, ce sont les maladies chroniques qui concernent 20 millions de personnes. Là, et sur la prévention, on n'est pas bons", a-t-il poursuivi. Le professeur, qui a signé une tribune en janvier dernier pour réclamer un plan d'urgence pour l'hôpital, estime qu'il faut "mettre davantage d'argent et réorganiser".
Interrogé sur la création d'un nouveau métier, celui d'assistant médical, le professeur Grimaldi a estimé que "c'est une bonne chose". "Cela suppose que les médecins travaillent en groupe", a-t-il toutefois prévenu.
Le plan santé contient 50 mesures, dont la répartition sur le territoire de 400 médecins volontaires et salariés pour lutter contre les déserts médicaux. "Ça ne suffit pas", selon André Grimaldi, qui plaide plutôt en faveur d'un "engagement donnant-donnant".
"Il y a ce fameux numerus clausus où il vous faut 14 de moyenne pour faire médecine. On aurait pu dire si vous avez 10 de moyenne et que pour vous médecine, c'est votre vie, alors vous prenez l'engagement que pendant cinq ans d'être médecin dans un désert médical", a expliqué le professeur Grimaldi. Il a pris aussi l'exemple de la spécialité : "Vous n'avez pas le point pour être cardiologue. Vous pouvez être gériatre (...) dans un désert médical." "De même, vous avez une bourse pour les études, vous avez cinq ans d'engagement", a-t-il préconisé.
André Grimaldi assure qu'il ne propose pas pour autant des "médecins au rabais", mais qu'il s'adapte aux aléas de la sélection universitaire. "Pour certains c'est une vraie dépression et c'est un traumatisme, a-t-il confié, prenant l'exemple d'"un étudiant qui s'est suicidé, parce qu'il avait raté le concours, qu'il était fils de médecin, et que pour lui c'était un effondrement".
Regardez l'intégralité de l'entretien du professeur André Grimadi sur franceinfo le 18 septembre 2018.
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