Montagne d'or en Guyane : "Ce projet est un non-sens économique et écologique", juge Isabelle Autissier
La présidente de WWF France, invitée mardi de franceinfo, a souhaité que le gouvernement ne donne pas son autorisation pour le projet de mine d'or en Guyane.
Interrogée sur le projet minier Montagne d'or en Guyane, "on va remuer une tonne [de terre] pour 1,2 à 1,6 grammes d'or. Ça va coûter entre 300 et 400 millions d'euros d'argent public", a répondu Isabelle Autissier, la présidente de WWF France, mardi 30 octobre, sur franceinfo. "Aujourd'hui on nous écoute. Est-ce qu'on nous entend ? Je dirais pas assez parce que je pense que l'État français s'honorerait à être extrêmement aux avant-postes", en matière de biodiversité, a constaté la présidente du Fonds mondial pour la nature.
"On va avoir des rendez-vous, je pense notamment à l'histoire de la Montagne d'or en Guyane. Un acte pour ne pas donner l'autorisation d'exploitation de cette mine d'or serait bienvenu", a ajouté Isabelle Autissier. Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, estime que le projet ne peut pas être mené en l'état. Isabelle Autissier demande son abandon pur et simple. "Ce projet est un non-sens économique et bien évidemment aussi un non-sens écologique", a déclaré la présidente de WWF France. Dire que le projet va être changé c'est complètement cosmétique."
Appelée à commenter le rapport Planète vivante publié aujourd'hui par le WWF, la navigatrice a estimé qu'il y a urgence à agir contre le réchauffement climatique : "On ne se bat pas pour les générations futures. On se bat pour celles qui sont nées." La planète est concernée et l'Europe en particulier. La disparition touche 60% des populations sauvages, mais aussi, par exemple en Europe, "de plus petites espèces comme les oiseaux de nos campagnes", a souligné Isabelle Autissier.
"Cette nature ce n'est pas juste parce que c'est joli pour les yeux, c'est parce qu'elle nous porte", a insisté la navigatrice. "La moitié de l'oxygène que vous respirez vient du plancton, a-t-elle indiqué. Si on pollue trop les mers et le plancton se modifie, peut-être qu'on aura du mal à respirer. Une partie de cette biodiversité épure les eaux, nous fournit à manger. Tout ça impacte directement la vie des hommes."
Par ailleurs, après l'élection présidentielle au Brésil qui a porté au pouvoir Jair Bolsonaro, Isabelle Autissier a jugé "très inquiétants", les projets du nouveau chef d'Etat de déforester et de libéraliser l'exploitation de l'Amazonie.
"Il a largement exprimé le fait que les questions environnementales ne l'intéressaient pas, mais en plus qu'il fallait lutter globalement contre les gens qui défendent l'environnement, y compris les communautés locales dans la forêt, a souligné la présidente du WWF France. Je pense que des jours très difficiles se préparent, pour les Brésiliens avant tout eux-mêmes, parce que là encore c'est leur richesse."
"Les institutions internationales peuvent s'appuyer sur les accords que le Brésil a déjà signés et essayer de les remettre dans les clous, a-t-elle avancé, mais il faut aussi que les Brésiliens eux-mêmes continuent à se mobiliser pour leur forêt, pour leur campagne, pour leur eau pure, pour leur diversité." La forêt amazonienne, poumon de la planète n'est "pas un cliché", a insisté Isabelle Autissier. "C'est la plus grande, celle qui capte le plus de carbone. Ce serait un drame pour l'Humanité si la forêt amazonienne s'effondre sur elle-même, ce qui n'est pas complètement à exclure."
Regardez l'intégralité de l'entretien d'Isabelle Autissier sur franceinfo le 30 octobre 2018.
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