Amazonie : "Les feux de forêts sont liés à la déforestation", accuse Pierre Cannet
Le co-directeur des programmes du WWF France, invité du "8h30 politique", vendredi 23 août, dénonce le manque de protection de la plus grande forêt primaire du monde.
Sur Twitter ce jeudi, le président français Emmanuel Macron a exprimé son inquiétude quant à ces incendies au Brésil : "Notre maison brûle. Littéralement". "Être au chevet de l’Amazonie, quand on est membre du G7, c’est se remettre en question vis-à-vis des importations de cette région. C’est se dire que le soja importé en France pour nourrir du bétail, c’est un non-sens", lui a répondu Pierre Cannet, co-directeur des programmes du WWF France, invité du "8h30 politique", vendredi 23 août. "C’est un non-sens parce que le soja est cultivé dans les régions du Brésil actuellement touchées par les feux et ce soja contribue à la déforestation" a-t-il précisé.
Pierre Cannet a également balayé d'un revers de la main les accusations du président brésilien Jair Bolsonaro, qui avait suggéré que des ONG avaient provoqué ces feux pour attirer l'attention : "Le président trouve un bouc émissaire alors que depuis un an la déforestation s’est accélérée dans la région. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, les images satellites aussi. Ces feux de forêts s’étendent dans l’ensemble de la région avec dix sites très touchés depuis l’année dernière par la déforestation", a-t-il accusé.
Mobiliser pour l'Amazonie
D'après un récent rapport de WWF, en 50 ans, près de 20% de la forêt amazonienne a disparu. Et pour Pierre Cannet, "il faut bien réfléchir au rôle des entreprises. Il y a de nombreuses entreprises françaises à avoir une responsabilité en lien avec cette déforestation". "L'important, c’est de faire en sorte que ces entreprises du CAC40 changent de stratégie et de politique dans la région, évitent ces prélèvements sur la nature. Le gouvernement brésilien sera très sensible à la pression des investisseurs, la pression du monde économique" a-t-il ajouté.
Citant l'élan de solidarité qui a surgi après le violent incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il a appelé à une même générosité : "Cette Amazonie c’est un patrimoine pour l’humanité, c’est de 50 à 70 % de notre biodiversité, une fois détruite, on ne pourra [pas la] reconstruire. Les entreprises ont été au chevet de Notre-Dame, seront-elles au même chevet de l’Amazonie en prenant des engagements contre la déforestation et en mettant en œuvre également des engagements qui puissent être chiffrés ?". "Actuellement, il n’y a pas de moyens financiers qui soient suffisamment mobilisés pour contrer cette déforestation à l’œuvre dans la région" a-t-il regretté.
À l'Élysée à la veille du G7
Après l'annonce de l'élargissement de l'accréditation des ONG pour le G7, le "WWF ira au déjeuner avec le président de la République" annonce Pierre Cannet. Ce jeudi, une trentaine d'associations écologistes dénonçait une mise à l'écart du G7. Des accréditations ont été débloquées en urgence par le chef de l'État, "alors maintenant chaque organisation du Réseau action climat décidera oui ou non de participer" à ce sommet a indiqué le représentant du WWF.
La priorité de la lutte contre le plastique
C'est l'une des priorités de l'organisation écologiste, "les plastiques sont en train de nous étouffer, on a une boulimie de plastique : avec ses 4,5 millions de tonnes de plastique produits, la France a une responsabilité également dans l’encadrement du plastique" averti Laurent Cannet. "La loi qui est sur la table actuellement par le gouvernement anti-gaspillage, économie circulaire, qui passera à l’Assemblée nationale et au Sénat en septembre ne comporte aucun objectif chiffré pour lutter contre les pollutions plastiques et réduire à la source ce problème" a-t-il dénoncé au micro de franceinfo.
Retrouvez l'intégralité de l'émission "8h30 politique" du vendredi 23 août 2019 :
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