SNCF : "La mobilisation syndicale ne se mène pas simplement par la grève", estime Laurent Berger
Alors que le mouvement de grève à la SNCF s'essoufle et que le projet de réforme a été définitivement adopté par les parlementaires cette semaine, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a estimé vendredi sur franceinfo qu'il faudra passer "à d'autres formes de discussion et de mobilisation".
"Il faudra passer à un moment à d'autres formes de discussion et de mobilisation", dit Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, vendredi 15 juin sur franceinfo. "La mobilisation syndicale ne se mène pas simplement par la grève", a-t-il poursuivi, alors que le mouvement s'essoufle et que le projet de réforme a été définitivement adopté par les parlementaires cette semaine.
Le syndicat a par ailleurs décidé de suspendre le mouvement de grève la semaine prochaine, pour ne pas perturber les épreuves du baccalauréat qui débutent lundi 18 juin, une décision source de tensions entre les syndicats. La CGT Cheminot a affirmé ce matin qu'elle entendait poursuivre le mouvement sur le mois de juillet. "À un moment il faut aussi assumer une part de responsabilité, y compris à l'égard de jeunes qui se préparent à passer un examen important pour eux", estime Laurent Berger.
Laurent Berger dit avoir le regard tourné vers la prochaine étape des négociations : la réunion tripartite qui doit initier la future convention collective dans le ferroviaire. "C'est la convention collective des cheminots qui seront embauchés à partir de 2020, nous avons formulé un certain nombre de propositions, explique Laurent Berger. J'espère qu'elle peut donner des perspectives, en termes de déroulement de carrière, de protection sociale, etc."
Dans tous les cas, la grève s'achèvera dans la frustration, reconnaît le secrétaire national de la CFDT : "Cela laissera des traces et il y aura besoin de renouer le fil du dialogue social" avec la direction de la SNCF. "En tout cas, il y aura beaucoup d'amertume". Le dialogue s'annonce déjà difficile, Laurent Berger regrette que la direction soit "rétive" à engager de nouvelles discussions pour un "agenda social, à immédiat et moyen terme". La direction "a une partie de la sortie du conflit dans de bonnes conditions entre les mains, pourtant on ne la sent pas agir dans ce sens", indique Laurent Berger.
"Il n'y a pas assez d'argent consacré à la pauvreté", a martelé Laurent Berger. Laurent Berger réagissait à la vidéo diffusée sur Twitter par l'équipe d'Emmanuel Macron, à la veille de son discours à Montpellier au congrès de la Mutualité, où il a prononcé un discours sur la politique sociale qu'il entend mener. Dans l'extrait vidéo, le président affirme que "trop de pognon" est dépensé pour lutter contre la pauvreté, avec trop peu de résultat.
"Je ne suis pas contre le fait de regarder comment l'argent pour lutter contre la pauvreté est utilisé, réagit Laurent Berger. Mais il ne faut pas laisser penser qu'il y aurait des coupables et que ce serait les pauvres. Vous ne déresponsabilisez pas une personne en lui donnant le RSA. En quoi est-ce déresponsabilisant de permettre à des gens de vivre, voire de survivre, avec ce minima social ?"
Le secrétaire national de la CFDT, ancien travailleur social à Saint-Nazaire auprès de chômeurs de longue durée et d'allocataires du RMI, insiste sur l'accompagnement, plus important selon lui que les logiques comptables : "Prévenir la pauvreté nécessite des moyens. Il n'y en a pas assez. Il n'y a pas trop d'argent consacré à la pauvreté, il n'y en a pas assez."
S'appuyer sur les associations
Le gouvernement doit dévoiler un plan de lutte contre la pauvreté dans le courant du mois de juillet. Pour qu'il soit efficace, il faut "s'appuyer sur les associations qui travaillent dans ces secteurs-là", avance Laurent Berger. Emmaüs, ATD Quart Monde, le Secours Populaire, le Secours catholique... On ne parle pas des règles arithmétiques. On regarde les parcours de vie."
Sur la forme, Laurent Berger regrette la diffusion de la vidéo par les services d'Emmanuel Macron, ce qui démontre "une utilité" : "C'est de plaire à quelqu'uns, de caresser dans le sens du poil. Cette idée que, peut-être, les pauvres, il faudrait leur mettre un peu plus le bâton dans le dos. Je ne partage pas ce genre de "manip". Il faut arrêter de culpabiliser les pauvres."
Bons points, selon le secrétaire national de la CFDT : les annonces d'Emmanuel Macron au congrès de la Mutualité sur le reste à charge zéro pour les prothèses auditives, dentaires et les lunettes. "C'est très important pour les gens qui sont en situation difficile. Travaillons là-dessus. Travaillons sur le concret."
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