Report de la réduction de la part du nucléaire : François de Rugy préconise que le Parlement se substitue au gouvernement quand une loi n’est pas appliquée
Après l’annonce par Nicolas Hulot de reporter l’objectif de réduction de la part du nucléaire en France, le président de l’Assemblée nationale propose sur franceinfo jeudi que le Parlement se substitue au gouvernement en cas de carence dans l’application d’une loi.
"Le précédent mandat a été une course de lenteur", s'est désolé sur franceinfo le président LREM de l'Assemblée nationale, François de Rugy, jeudi 9 novembre. Nicolas Hulot a en effet admis la veille que la France ne pourrait vraisemblablement pas tenir l'objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025. "Il y a un moment où il faut dire les choses", a réagi ce jeudi sur franceinfo François de Rugy, président LREM de l'Assemblée nationale.
C'est un échec d'avoir une loi qui dit qu'on doit atteindre une parité entre les énergies renouvelables et le nucléaire en France en 2025 et qu'on constate qu'on ne peut pas l'appliquer.
François de Rugyfranceinfo
Pour François de Rugy, l'échec paraît d'autant plus grand qu'il a lui-même soutenu cette loi. Alors que François Hollande avait fait cette annonce en 2012, "la loi, regrette le parlementaire, n'est votée qu'en 2015, et ensuite pendant deux ans, 2015-2017, il ne se passe rien. Dans le précédent mandat, cela a été une course de lenteur. Sans cesse les échéances ont été repoussées." Il pointe la responsabilité partagée d'EDF. Le groupe, selon lui, "n’a rien fait pendant des années pour mettre en œuvre cette loi et a tout fait pour que ça ne soit pas mis en œuvre". "Il faut que le gouvernement reprenne la main et dise à l'opérateur public qu'il doit appliquer la loi."
Transférer au Parlement l'application de la loi
Aussi, propose-t-il, quand est constatée une carence dans l'application d'une loi, "les députés, l’Assemblée nationale, le Parlement" doivent pouvoir se substituer au gouvernement et lui reprenne "le pouvoir d'appliquer la loi avec la rédaction des décrets".
François de Rugy ne se prive pas, au passage, d'égratigner l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, qui s'était montré la veille particulièrement sévère à l'égard de Nicolas Hulot, qualifiant son annonce de "faute politique". "Yannick Jadot et ses amis Verts, souligne-t-il, en 2014, ils ont eu l'occasion de prendre la main sur cette question de l'énergie et qu'ont fait monsieur Jadot et ses amis, ils se sont dérobés devant les responsabilités." Pour lui, alors que Nicolas Hulot "se bat", les Verts seraient "tout le temps dans la critique", "tout le temps dans la protestation", "tout le temps dans l’opposition". Les écologistes, selon lui, devraient plutôt se poser la question de "comment agir", plutot que de s'interroger sur la pertinence "d'applaudir ou gémir".
Christophe Castaner est un "bon candidat"
Interrogé sur ce sujet, François de Rugy a estimé que Christophe Castaner était un "bon candidat" pour prendre la tête de LREM. "C'est un bon candidat pour ce poste et c'est important de mettre les bonnes personnes au bon endroit", a -t-il ainsi réagi. Le fait qu'il n'y ait qu'un seul candidat ne m'émeut pas. "Il n’y a pas de raison, affirme-t-il, de créer des clivages artificiels." "À partir du moment, poursuit le président de l'Assemblée nationale, où le mouvement est assez cohérent et uni autour d'un projet qui est celui du président de la République, et qu'il y a un délégué général qui est proposé, qui est le seul candidat et qui va être élu, à partir du moment où c'est la bonne personne, on ne peut que s'en réjouir".
"Il faut peut être savoir s'arrêter"
Enfin, alors qu'Anticor a déposé plainte à Paris pour relancer l'enquête qui visait Richard Ferrand, le chef de file des députés LREM, près d'un mois après la décision de classement sans suite du parquet de Brest, François de Rugy estime qu'il faut "peut-être savoir s'arrêter".
"Il y a eu des accusations portées par la presse, des révélations, contre Richard Ferrand. Il s'en est expliqué, il y a une procédure qui est enclenchée. À la suite de cette enquête, le procureur dit qu'il n'y a pas matière à poursuite", explique ainsi François de Rugy. "Est-ce qu'on n'est pas en train de faire perdre du temps à la justice simplement pour entretenir l'idée qu'à partir du moment où il y a une accusation, il doit y avoir une condamnation ?", interroge François de Rugy. Pour le président LREM de l'Assemblée nationale, "il n'y a pas matière à poursuite" dans cette affaire.
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