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Nicolas Hulot "se fait le porte-voix des lobbies", juge Yannick Jadot, député européen EELV

Invité de franceinfo mercredi, le député européen EELV Yannick Jadot a jugé que Nicolas Hulot se faisait "le porte-voix des lobbies", en repoussant la baisse à 50% du nucléaire à "2030 ou 2035".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie-Les Verts, était l'invité de franceinfo. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Invité de franceinfo mercredi 8 novembre, le député européen EELV Yannick Jadot a qualifié d'"incompréhensible" et d'"énorme faute politique", le report, annoncé mardi par le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot de l'objectif de ramener d'ici 2025 à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité de la France, et dénoncé l'absence de courage politique du gouvernement.

"C'est totalement incompréhensible", a dénoncé Yannick Jadot. Il n'y a pas de courage politique dans ce pays vis-à-vis du nucléaire." "Nicolas Hulot est un symbole extraordinaire, commence le député européen. Il est le symbole de l’engagement écologique, de notre conscience collective, de la sincérité." Pour regretter, immédiatement, un ministre qui cèderait "sur les perturbateurs endocriniens, sur le Ceta, sur le glyphosate et maintenant sur la transition énergétique." Et qui n’avalerait donc plus "des couleuvres", mais "des boas constrictors""Et, poursuit Yannick Jadot, se fait le porte-voix des lobbies, qui veulent nous faire renoncer sur la santé, le climat, la sortie du nucléaire…"

En rappelant, au passage, que l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici 2025 était inscrit dans la loi de transition énergétique, "un grand compromis" issu de "mois de débats, d'expertises" et reposant sur des scénarios "extrêmement robustes", l'eurodéputé a qualifié ce renoncement de "dramatique" pour le pays.

La France est le pays le plus en retard sur ses objectifs

L'eurodéputé rappelle les nombreux débats, mené sur tous les territoires, tant avec les industriels, "y compris des industriels de l'électricité et de l'énergie", qu'avec les familles, les consommateurs, les collectivités locales, les associations, les syndicats, l'État... Lesquels ont abouti à un "grand compromis", qui inscrivait, grâce à la loi sur la transition énergétique, à un "changement". Alors même, pointe Yannick Jadot, que la France est "le pays qui est le plus en retard sur ses objectifs en matière d'énergies renouvelables".

S'inspirant de la célèbre formule du footballeur anglais Gary Lineker sur les Allemands qui au football finissent toujours par l'emporter, Yannick Jadot, a pointé le poids du lobby du nucléaire en France. "Vous connaissez la formule de Lineker sur le football, c'est un jeu qui se joue à onze contre onze, et à la fin c'est toujours l'Allemagne qui gagn !" "Eh bien là, conclut-il, tous les débats sur l'énergie en France disent 'il faut économiser l'énergie, il faut faire des énergies renouvelables', mais en réalité, c'est toujours le nucléaire qui gagne."

Selon l'eurodéputé, le ministre de la Transition écologique "reprend les arguments éculés de l'industrie nucléaire depuis des années", en annonçant que réduire trop vite le parc nucléaire français, c'est construire plus de centrales au charbon. "C'est faux, s'insurge-t-il. 90% des nouvelles capacités électriques installées en Europe, ce sont des énergies renouvelables. Le monde est passé aux énergies renouvelables", a tonné Yannick Jadot, qui a ensuite pointé le coût d'une telle annonce. En reportant l'échéance, il craint que l'âge des centrales nucléaires dépasse les 40 ans, avec le risque que ce vieillissement implique des "dizaines de milliards d'euros d'investissement dans le nucléaire", lesquels "n'iront donc pas dans les énergies renouvelables", "qui coûtent deux fois moins cher".

"Hulot renonce sur tous les sujets majeurs"

Aussi, Yannick Jadot appelle son "ami" Nicolas Hulot à s'interroger sur son poids réel au sein du gouvernement d'Edouard Philippe, estimant qu'il renonçait "sur tous les sujets majeurs""Il est n°3 du gouvernement, il est le ministre le plus populaire, il est indispensable dans le dispositif d’Emmanuel Macron. Expliquez-moi pourquoi il ne gagne pas un seul arbitrage ?", s'est interrogé Yannick Jadot. Tout en disant ne pas remettre en cause les convictions personnelles de Nicolas Hulot sur l'écologie, Yannick Jadot a toutefois affirmé avoir désormais "un problème" avec un ministre "qui renonce sur tous les sujets majeurs". Interrogé sur l'opportunité, pour Nicolas Hulot, de démissionner, Yannick Jadot a répondu : "Il fait ce qu’il veut. Moi je constate qu’il ne gagne pas les arbitrages qu’il devrait gagner".

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