Cet article date de plus de trois ans.

Nouvelle prime pour les salariés : "Tant que ce n'est pas obligatoire, c'est au bon vouloir des employeurs", regrette la CGT

"Nous n'avons pas la même notion d'urgence avec le gouvernement et avec le patronat", a estimé Philippe Martinez.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Philippe Martinez à franceinfo, en octobre 2017. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

"Tant que ce n'est pas obligatoire, c'est au bon vouloir des employeurs", a dénoncé lundi 15 mars sur franceinfo Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à propos d'une nouvelle prime, que les entreprises pourront verser à tous les salariés en 2021. Cette annonce a été faite à l'issue de la troisième conférence sociale, organisée lundi avec le Premier ministre et les organisations syndicales.

franceinfo : Qu'est-ce que vous a annoncé Jean Castex ?

Philippe Martinez : Cela a duré trois heures pour nous annoncer le maintien des aides pour l'embauche d'apprentis, un maintien restreint des aides pour l'embauche des jeunes, c'est-à-dire une aide jusqu'à des salaires 1,6 fois le smic. Et puis l'annonce d'une prime de 1 000 euros pour tous les salariés, mais au bon vouloir du patronat. Et comme le Medef a réagi vigoureusement en disant que ce n'était pas le moment d'accorder les primes, parce qu'il n'y avait pas d'argent, vous voyez ce que ça va donner. On avait déjà l'expérience de la première [prime Macron], on nous avait annoncé 1 500 euros, mais peu ont touché 1 500 euros. Tout le monde n'a pas touché cette prime et là, j'ai entendu un refus catégorique du patronat, en disant que ce n'était pas le moment. Donc, tant que ce n'est pas obligatoire, c'est au bon vouloir des employeurs et pour l'instant, c'est un "mauvais vouloir", si vous me permettez l'expression.

Cette troisième conférence sociale est un échec selon vous ?

Le gouvernement avait annoncé ces mesures avant de discuter avec nous. La deuxième chose, c'est qu'on a beaucoup parlé des "deuxièmes lignes". Moi, je préfère parler des bas salaires, mais là aussi, c'est un refus. Même si une prime, c'est toujours bon à prendre, ça met du beurre dans les épinards. Mais le problème qui est posé, c'est tous ces bas salaires qui, bien souvent, dans les conventions collectives, démarrent en-dessous du smic. Et là, il y a un refus du gouvernement d'augmenter le smic, parce que si vous augmentez le plancher, ça oblige à négocier dans les branches à un certain niveau.

Le gouvernement a annoncé que les aides aux entreprises seront prolongées, qu'en pensez-vous ?

De ce qu'on a entendu, les aides aux entreprises "seront prolongées progressivement en fonction des activités". Mais là aussi, quand on dit "mais à quoi servent ces aides ?", on refuse non seulement la conditionnalité, mais la transparence. Nous ne sommes pas les seuls à poser la question "à quoi servent ces aides ?" Parce que dans un certain nombre d'entreprises, on a bien vu que ces aides servent à financer des plans dits "sociaux", c'est-à-dire des licenciements. Ce n'est pas possible que nos impôts servent à supprimer des emplois. Je ne suis pas déçu, je pense que nous n'avons pas la même notion d'urgence avec le gouvernement et avec le patronat. L'urgence, c'est de veiller à ce que les bas salaires soient augmentés. Le gouvernement fait semblant de ne pas comprendre et continue à donner de l'argent. C'est le fameux "quoi qu'il en coûte", mais ce qui coûte beaucoup, ce sont les emplois qui sont supprimés.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.