Meurtre de Philippine : "Oui, il y a eu un dysfonctionnement" dans le suivi de l'OQTF du suspect, affirme Jérôme Guedj
"Oui, il y a eu un dysfonctionnement" dans le suivi de l'obligation de sortie du territoire (OQTF) du suspect du meurtre de Philippine, l'étudiante retrouvée morte samedi dans le bois de Boulogne, a affirmé jeudi 26 septembre sur franceinfo Jérôme Guedj, porte-parole du PS, député de l’Essonne.
Le principal suspect, interpellé mardi en Suisse, est un homme de 22 ans, condamné par le passé pour viol et sous le coup d'une OQTF. Il a été libéré de rétention administrative au début de mois de septembre, malgré "le risque de réitération de faits délictueux", selon l’ordonnance du juge de la liberté et de la détention (JLD).
"Philippine n'aurait jamais dû croiser son meurtrier"
"Rien ne va dans cette histoire", se désole Jérôme Guedj. "Philippine n'aurait jamais dû croiser son meurtrier." "Je ne sais pas si c'est un dysfonctionnement de nature législative, c'est-à-dire une faille dans le dispositif légal", s'interroge le porte-parole du PS. "Je ne crois pas, mais je demande à vérifier." Mais le député estime qu'il y a eu "manifestement une faille dans le dispositif organisationnel, logistique, de cette reconduite à la frontière".
Il rappelle que le suspect aurait dû être "expulsé vers le Maroc après cinq années de détention pour un précédent viol en 2019" et dit ne "pas comprendre" pourquoi la procédure d'expulsion n'ait pas été "diligentée en amont de sa libération". "C'est ça qui est désespérant et qu'il faut aborder avec la sérénité nécessaire", plaide l'élu. "Il faut en tirer des conséquences, même s'il faut sortir du réflexe strictement émotionnel."
Alors que les Républicains vont présenter une proposition de loi visant à prolonger la durée maximale de rétention administrative pour les immigrés en situation irrégulière, Jérôme Guedj assure être "prêt à avoir tous les débats possibles". "La durée de rétention administrative au fil de ces 20 dernières années a été augmentée", précise le député. "À un moment, c'est compliqué de garder des personnes en rétention administrative, c'est-à-dire sans condamnation judiciaire, et d'avoir une mesure administrative de privation de liberté." Mais il assure n'avoir "zéro tabou" sur ce sujet.
"User de tous les moyens" pour exécuter les OQTF
Sur le taux d'inexécution des OQTF, Jérôme Guedj rappelle que "la plupart ne sont pas prononcées à destination de personnes qui sont condamnées par la justice". Selon lui, "95 ou 96% des OQTF sont pour des questions de séjour irrégulier". Il souligne qu'un rapport de la Cour des comptes avait pointé qu'il y a en France "130 000 à 140 000 OQTF qui sont prononcées ces dernières années", alors que l'on est à "50 000, 60 000 dans les pays voisins". Mais il y a en France "l'impossibilité de les exécuter, pour partie parce qu'il n'y a pas les laissez-passer consulaires".
Pour remédier à ça, le député appelle à "user de tous les moyens dont on peut disposer pour qu'un pays accepte de reprendre les ressortissants originaires de ce pays". Mais pour le porte-parole du PS, "la politique d'immigration, ça ne peut pas être qu'une politique qui est conduite par le seul ministère de l'Intérieur. C'est une politique transversale". "Il y a une dimension intérieure, mais il y a aussi une dimension affaires étrangères, comme il y a une dimension travail, comme il y a une dimension santé." "On a une politique de l'immigration qui n'est pilotée que par le ministère de l'Intérieur, alors qu'en réalité c'est une politique interministérielle", insiste Jérôme Guedj.
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