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Coronavirus : "Il y a déjà des hôpitaux sous tension" prévient l'épidémiologiste Dominique Costagliola

Selon l'épidémiologiste, les hôpitaux parisiens sont déjà sous tension, tout comme dans les Bouches-du-Rhône, "cela veut dire qu'on est déjà en train de prévoir des déprogrammations pour certains soins".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne, invitée de franceinfo vendredi 11 septembre 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Jean Castex a annoncé, vendredi 11 septembre à l'issue du Conseil de défense consacré à la situation sanitaire du coronavirus, que la durée d'isolement va être ramenée à sept jours et que des créneaux horaires et des tentes de dépistage seront dédiés aux personnes prioritaires : les soignants, les suspicions de Covid-19 ou les cas contacts. "Le virus circule de plus en plus en France", ajoute le Premier ministre.

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"Il y a déjà des hôpitaux sous tension", a alerté Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique. "À Paris, ils se mettent en ordre de marche et se préparent, ils ont reformé une cellule de crise. Dans les Bouches-du-Rhône, cela veut dire que on est déjà en train de prévoir des déprogrammations pour certains soins", a-t-il expliqué.

franceinfo : 42 départements en zone rouge, 72 cas pour 100 000 personnes, ce sont des chiffres inquiétants ?

Oui, ce sont des chiffres inquiétants. Il ne faut pas qu'on compare l'incidence qu'on a actuellement avec celle qu'on avait en mars parce qu'on dépiste beaucoup plus. Mais depuis mi-juillet, le taux de positivité, donc le nombre de gens positifs parmi l'ensemble des tests, augmente. Il est passé de 1% à 5,2% la semaine dernière. Dans certaines régions où le virus circule encore davantage, il y a un taux bien plus élevé : en Guadeloupe 18%, dans le sud de la France plus de 8%, dans certaines régions comme la région parisienne, le Rhône, la Gironde entre 7 et 8%. Ce sont des taux qui sont élevés. Au pic de l'épidémie en Allemagne, pays qui toujours beaucoup testé, le taux de positivité était entre 8 et 10 %. Donc, on s'approche quand même de quelque chose qui est élevé.

"L'épidémie est la même" a dit le Premier ministre...

Oui, les personnes à risque sont les mêmes et le virus n'a pas évolué pour conduire à une maladie qui serait différente. Ce qui a changé, c'est le fait que cette augmentation du nombre de cas, au début, on l'a observée uniquement dans les classes d'âge de moins de 40 ans. Depuis trois semaines, cela augmente vraiment nettement dans les classes d'âge au-dessus de 40 ans. Cela veut dire que, comme c'était craint, un virus qui circule, se transmet entre les jeunes va passer dans les générations les plus à risque.

Existe-t-il un risque de mise sous tension des hôpitaux ?

Il y a déja des hôpitaux qui sont sous tension, notamment dans les Bouches-du-Rhône. Je sais qu'à Paris, ils se mettent en ordre de marche et se préparent, ils ont reformé une cellule de crise. Dans les Bouches-du-Rhône, cela veut dire qu'on est déjà en train de prévoir des déprogrammations pour certains soins. C'est aussi très important de pouvoir maintenir l'accès aux soins pour les autres pathologies. En mars, on a pratiquement arrêté finalement l'accès aux soins pour d'autres pathologies. Commencer à avoir de la tension, cela veut dire que l'on augmente des services Covid. S'ils font du Covid, ils ne font pas autre chose.

Jean Castex a dit " il ne faut pas mettre la vie économique, la vie sociale, la vie culturelle entre parenthèses". Qu'en pensez-vous ?

Le risque n'est pas le même pour tout le monde, donc les personnes à risques, il faut quand même qu'elles limitent leurs contacts sociaux ou qu'elles en usent avec prudence. Après, je comprends quand même la nécessité d'avoir le maximum de vie économique et de vie sociale. Probablement qu'une des choses importantes qui a été annoncée, c'est le fait de décliner des mesures au niveau départemental et pas de refaire larga manu toute la France. On a confiné des départements d'outre-mer à des périodes où il n'y avait pas d'épidémie, et après, on a dû les reconfiner quand l'épidémie, est arrivée chez eux, ce n'était pas trop raisonnable. Je pense que c'est positif.

La priorisation des tests, c'est une bonne mesure ?

Concrètement, la priorisation, le fait d'avoir des plages réservées, beaucoup de laboratoires le font déjà. C'est facile aussi de détourner la priorisation puisque quand on prend un rendez-vous, on peut toujours prétendre qu'on a des symptômes si on veut passer devant. Je ne suis pas sûre que ça résolve complètement le problème. Il faut voir comment ça s'organise sur le terrain et quelles sont les mesures derrière pour vraiment améliorer cet aspect-là. C'est très important parce qu'avec les délais actuels, délais pour avoir un rendez-vous, délais pour avoir les résultats, on n'a plus aucune chance de pouvoir tracer les cas contacts pour les dépister précocement. Le tracé isolé est mort, on perd l'objectif.

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