Gérard Mestrallet (Afalula) : "Ce projet est un levier d'accélération à la transformation de l'Arabie Saoudite"

L'Arabie Saoudite pense à l'après-pétrole. A la suite d'un traité intergouvernemental signé avec la France en 2018, l'Agence française pour le développement d'Alula a été créée. A sa tête, Gérard Mestrallet, ancien PDG d'Engie. Cette région au nord de l'Arabie Saoudite est au coeur d'un grand projet culturel et touristique. "L'Arabie Saoudite dans sa vision 2030 veut préparer l'après-pétrole avec des activités que l'on qualifie de softpower dont la culture et le tourisme." Gérard Mestrallet apporte des précisions : "Alula est un territoire grand comme la Belgique qui a trois atouts principaux : des paysages à couper le souffle, des montagnes sculptées par le vent et le désert." Un musée à ciel ouvert "avec 7 000 ans d'histoire et notamment l'histoire pré-islamique, des trésors d'architecture et d'archéologie". L'objectif à moyen-terme est d'établir 9 000 chambres d'ici 2035 avec l'aide de la France. "Notre pays a énormément de savoir-faire, de compétences, dans les domaines culturels, du patrimoine mais aussi de l'hospitalité car la France est le premier pays d'accueil de touristes dans le monde." 

Mohammed ben Salmane, le prince héritier d'Arabie Saoudite, est au coeur de nombreuses controverses, il est notamment accusé par la CIA d'avoir commandité l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Est-ce que cela ne pose pas un problème éthique et moral ? Gérard Mestrallet répond : "Je suis mandaté par le gouvernement français pour rapprocher les cultures et les civilisations. Le gouvernement souhaite que cette mission se poursuive. Nous travaillons à la transformation de l'Arabie Saoudite. Ce projet est assez révolutionnaire car accueillir des millions de touristes à l'horizon 2035, c'est forcément s'ouvrir au monde." Pour rappel, des visas de tourisme ne sont délivrés par l'Arabie Saoudite que depuis 2019. 

Gérard Mestrallet, ancien patron de Suez, a été le médiateur dans le différend entre Veolia et Suez qui s'est conclu dernièrement par un accord. "Cette médiation aurait dû rester secrète. Les deux parties, Suez et Veolia, ont souhaité recourir à une médiation mais le médiateur ne décide rien, il rapproche les points de vue." Gérard Mestrallet poursuit : "Le rapprochement entre Veolia et Suez, nous l'avions tenté en 2012. C'était probablement trop tôt mais cela se fait aujourd'hui."