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Les trois approximations de Bruno Le Maire dans "L'Emission politique"

Sur France 2, le candidat à la primaire n'a pas toujours fait preuve de précision en détaillant ses propositions.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Bruno Le Maire, l'ancien ministre de l'Agriculture, sur le plateau de l'Emission politique de France 2, le 20 octobre 2016.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

​"J'ai l'habitude d'être cohérent dans mes déclarations et mes prises de position", a répété Bruno Le Maire lors de "L'Emission politique", le 20 octobre 2016. Si le député de l'Eure n'a pas été pris à défaut sur d'éventuelles contradictions, il s'est en revanche montré approximatif en détaillant certaines de ses propositions. Franceinfo revient sur trois inexactitudes commises par le plus jeune des candidats à la primaire à droite.

"95 % des déboutés du droit d'asile restent en France"

Pour Bruno Le Maire, "95%" des déboutés du droit d'asile ne sont pas expulsés et ce fait est regrettable. Comme d'autres responsables politiques avant lui, le candidat tire son chiffre d'un rapport de la Cour des comptes sur le droit d'asile (qui évoque même 96%). Mais comme l'explique l'hebdomadaire Marianne, ce rapport est très critiqué et il n'existe pas de statistiques fiables sur le sujet. Comme l'a expliqué Manuel Valls dans sa réponse à la Cour des comptes, le calcul ne prend pas en compte notamment les départs volontaires ou les déboutés ayant obtenu par la suite un titre de séjour pour d'autres motifs.

Mais surtout ce qui fausse le calcul, c'est qu'il est effectué d'une année sur l'autre. Or une OQTF (obligation de quitter le territoire français) peut être contestée et cela suspend la décision. Par conséquent, les expulsions ne sont pas forcément exécutées d'une année sur l'autre. Pour être juste, la statistique devrait se calculer sur une durée plus longue. Selon la Cimade, sur une période de 4 ans entre le dépôt de demande d'asile et la sortie de territoire permettrait d'évaluer un taux de départ "de l'ordre de 20%".

"Il peut être plus avantageux de rester chez soi plutôt que de travailler"

Face à François Lenglet, Bruno Le Maire a détaillé sa proposition de création des "emplois rebonds" (des postes payés 5 euros de l'heure mais cumulables avec les allocations"). Il l'a expliqué notamment par le fait de vouloir créer une "vraie différence" entre le montant des allocations et le salaire minimum, en sous-entendant qu'il était parfois plus avantageux de rester chez soi. Mais cette légende, très populaire parmi les candidats à la primaire à droite, ne se vérifie pas dans 95% des cas, selon une étude du Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie).

Reprise dans un livre publié par ATD Quart-Monde, cette étude montre qu'il n'existe que 5% des cas où cela peut se vérifier : "Celui d’une personne seule et sans enfant. La personne au Smic n’a alors pratiquement pas accès aux aides (logement, santé, transports, énergie) et l’incitation financière à travailler est très faible ou inexistante." Pour le reste, l'association relève une différence de revenus située entre 516 et 650 euros en faveur de la personne au Smic.

Bruno Le Maire et les minimas sociaux
Bruno Le Maire et les minimas sociaux Bruno Le Maire et les minimas sociaux

"Nous avons de moins en moins d'emplois dans le marchand"

Bruno Le Maire a déploré la baisse du nombre d'emplois dans le secteur marchand, tout en s'inquiétant de la hausse des emplois dans le secteur public. "La France s'appauvrit", estime ainsi le député de l'Eure.

Contrairement à ce qu'affirme Bruno Le Maire, le nombre d'emplois dans le secteur marchand ne diminue pas et a même augmenté de près de 1% sur un an, selon les chiffres de l'Insee. Une hausse qui correspond à la création de quelque 143 300 postes, détaille Les Echos

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