: Vidéo "Envoyé spécial" : le noma, une maladie qui porte le visage de la pauvreté
Au Burkina Faso, une maladie de la pauvreté ronge le visage. Pour "Envoyé spécial", des journalistes sont allés à la rencontre de ces enfants qui se cachent. Extrait.
Le Burkina Faso est l’un des pays les plus démunis au monde. Beaucoup d’enfants souffrent de malnutrition. C’est de cette pauvreté que se nourrit une maladie que l’on avait oubliée. Le noma prend la forme d’une gangrène infectieuse qui s’attaque au visage de ces enfants.
La cause exacte de la maladie est méconnue. Elle est souvent précédée d’autres affections, telles que la rougeole, la tuberculose ou l’immunodéficience. Mais les conditions de vie ont un rôle primordial dans son développement. Conditions insalubres, manque d’accès à l’eau potable, malnutrition ou pauvreté sont des facteurs aggravants.
Le noma commence par un simple aphte et des saignements de la bouche. Si rien n’est fait, cette maladie gangreneuse se propage rapidement, rongeant les joues de la personne atteinte et formant une croûte noire. 80% des enfants de 0 à 6 ans atteints de cette maladie en décèdent. Pour les 20% restants, les séquelles sont lourdes.
Réapprendre à se nourrir
Les jeunes patients qui ont survécu à la maladie doivent réapprendre à manger. Pour ceux dont la maladie s’est attaquée à la bouche, il faut se battre pour manger. Ouvrir la bouche est quasiment impossible car les mâchoires se soudent entre elles : il faut émietter la nourriture pour faciliter la mastication. C’est un cercle vicieux pour Assetou, qui a du mal à manger. La petite fille se lasse, incapable de desserrer les dents. Le risque, c'est de ne plus parvenir à s’alimenter correctement.
Surmonter les stigmates
Ces enfants sont les survivants de cette gangrène dont on ne parle pas. Ils se réfugient dans le silence, incapables d’ouvrir la bouche, ou trop honteux pour le faire. Ils vivent au ban de la société, à cause de leur apparence. Ils n’osent pas prendre la parole et les parents préfèrent cacher leurs enfants atteints de la maladie dans les maisons.
Le déficit éducationnel dans ces régions est lui aussi un facteur aggravant. Ces enfants sont l’objet de discriminations et de moqueries dans une société qui refuse de reconnaître cette maladie.
Pourtant, le noma est loin d'être une fatalité. Cette maladie infantile se soigne bien si elle est prise en charge à temps, et ce bien avant l'apparition des premiers dommages corporels. Mais comme dans beaucoup de pays de cette partie d'Afrique, peu d’enfants ont accès à des soins de santé, même les plus élémentaires. Les associations prennent le relais et les aident à retrouver une vie sociale normale, grâce à des opérations de reconstruction faciale. Tout comme la jeune Assetou, La Chaîne de l'Espoir a permis à de nombreux enfants de se faire opérer et de retrouver le sourire.
Envoyé spécial a rencontré de nombreuses associations bénévoles lors de cette enquête, notamment :
- Association SENTINELLES, en Suisse (sentinelles.org)
- Association AU FIL DE LA VIE, Sylvie Pialoux (aufildelavie.org)
- Association CHANT DE FEMME (chantdefemme.org)
- MAISON DE FATI, en Suisse (maisondefati.org)
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