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Vidéo "Envoyé spécial" : Corée du Nord, la loi du silence

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Envoye special. VIDEO. En Corée du Nord, ordre et obéissance jusque dans les foyers
Envoye special. VIDEO. En Corée du Nord, ordre et obéissance jusque dans les foyers Envoye special. VIDEO. En Corée du Nord, ordre et obéissance jusque dans les foyers (NATHALIE TOURRET, JULIEN ALRIC / FRANCE 2)
Article rédigé par franceinfo - Hela Khamarou
France Télévisions

Voici un document rare. Les autorités nord-coréennes ont donné leur accord pour un tournage dans ce pays qui s'isole pourtant du reste du monde. Cet extrait du reportage diffusé le 16 avril sur France 2 vous fait découvrir le quotidien d'une "famille modèle" de Pyongyang, dont la vie est "écrite par le régime".

État parmi les plus fermés au monde, la Corée du Nord fait régner ordre et obéissance jusque dans les foyers. Ce jeune couple et leur bébé ont accepté d'ouvrir les portes de leur appartement moderne. Un logement fourni par le maréchal Kim Jong-un ; ce dernier est même venu leur rendre visite depuis leur emménagement. Au-dessus du canapé, dans le salon, trône une photo du Maréchal entouré du couple. 

La "doctrine de Songun"

"Ici, c'est la chambre de notre petit chéri. Ici, c'est son lit. Ça, ce sont des cadeaux qui ont été offerts par le Maréchal à notre fils", désigne fièrement le jeune père. Accroché au mur, un uniforme militaire taille enfant, signe de leur allégeance au régime qui applique la "doctrine de Songun" – une politique qui donne toute priorité à l'armée.

En Corée du Nord, le service militaire dure dix ans. Avec plus de 1 million de militaires actifs et 8,2 millions de réservistes, c'est le cinquième pays le plus militarisé au monde. "J'espère que notre fils pourra être une arme au service de notre maréchal Kim Jong-un", renchérit le père. Une "arme" avant même d'être leur fils... Le petit appartient déjà au régime, avec un destin tout tracé malgré son jeune âge. Dans le pays, les aspirations individuelles s'effacent devant le bien commun. 

Une chaîne de TV unique pour 24 millions d'habitants

Dans le salon, une télé dernier cri diffuse en boucle des images à la gloire du régime. Une seule chaîne pour 24 millions de personnes. Cette télévision d'État distille chaque jour des messages de propagande au service du culte de la personnalité et du parti unique, ainsi que des vieux films de l'ex-bloc soviétique.

Interrogé sur les films étrangers, le père est catégorique : "Les films capitalistes sont obscènes. Les films socialistes nous correspondent, nous ressemblent. La télévision ne diffuse jamais de films américains pourris." Ici, regarder des films étrangers est passible d'emprisonnement. L'information et la "propagande" extérieures ne doivent pas parasiter les esprits des citoyens nord-coréens.

Pourtant, malgré l'omniprésence de l'État dans la vie de chacun, il semblerait que le tableau ne soit pas idyllique. Au milieu des années 1990, le pays a dû faire face à une famine effroyable, qui a coûté la vie à des centaines de milliers de citoyens. Une crise qui a montré les limites du pouvoir. Les tickets de rationnement qui existaient bien avant la famine ont été largement insuffisants. Pour éviter que l'histoire ne se répète, les Nord-Coréens ont développé des systèmes parallèles leur permettant d'acheter des produits de consommation venant de l'étranger, notamment de Chine.

La faim, ennemie numéro 1 du régime

Dans sa cuisine spacieuse, Mun Kang-Sun, son épouse, prépare le dîner, mais elle n'a pas l'eau courante. "On nous distribue du riz et d'autres produits alimentaires de base, comme de l'huile, de la sauce de soja, de la pâte de soja, des œufs, des légumes. Mais comme la quantité de légumes qu'on nous fournit chaque année n'est pas suffisante, on va de temps en temps au marché pour en acheter." 

D'après les Nations unies, 80% des foyers ne mangent pas à leur faim. Interrogée sur la grande famine de 1990, la jeune femme est confuse, visiblement mal à l'aise. Puis elle se ressaisit : "Nous savions que tant que nous avions la direction de notre général Kim Jong-il, nous surmonterions tous les obstacles. Même avec une soupe de riz, nous n'avions pas faim."

L'alimentation reste probablement le problème numéro 1 du régime. La Corée du Nord n'est pas un pays agricole. Isolée du reste du monde, refusant la politique de libre-échange capitaliste, elle fait face à un véritable défi, celui de nourrir toute sa populationEt loin des grandes villes et de la capitale, les villages ressemblent souvent à des no man's lands.

 

Découvrez l'interview de la journaliste Nathalie Tourret qui a réalisé le sujet ici.

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