: Vidéo "Bienvenue chez les 103 Zonbi", chair à canon des chefs de gangs en Haïti
Depuis l'assassinat de l'ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti s'enfonce dans un chaos sans fin. Le 11 mars 2024, le Premier ministre Ariel Henry a dû démissionner sous la pression des gangs et d'une partie de la population. La capitale Port-au-Prince est contrôlée à 80% par des groupes criminels.
Dans cet extrait d'un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 mars, nous sommes dans le quartier de Bel Air, en plein centre-ville. Si les rues sont pratiquement désertes en pleine journée, c'est que le territoire est sous le contrôle d'un gang. Ses hommes de main ont accepté la présence des journalistes du magazine.
Au pays où vivent les bandits
"Bienvenue ! Entrez au pays où vivent les bandits", lance l'un d'eux. La plupart ont le visage dissimulé par un foulard, un masque imprimé d'une tête de mort, ou un simple tee-shirt enroulé autour de la tête. Ce jour-là, ils partent en patrouille, bouteille de rhum à la main, ivres de violence.
"J'ai pas peur de mourir. Je me considère déjà comme un zombie."
Un membre des "103 Zonbi" de Port-au-Princedans "Envoyé spécial"
Ces jeunes qui se surnomment "les 103 Zonbi" n'ont pour la plupart pas plus d'une vingtaine d'années, mais déjà beaucoup de sang sur les mains… Ils servent de chair à canon au chef d'un gang criminel. Qu'il les envoie attaquer un autre quartier ou carrément renverser le gouvernement, les "zonbi" s'exécutent. "C'est la seule chose que ce pays nous offre, se justifie l'un d'eux, masqué par sa cagoule noire. La plupart des jeunes qui n'ont pas encore quitté Haïti, ils sont comme nous, ils ont pris les armes."
Un kidnapping en pleine rue qui a mal tourné
Pour les gangs, contrôler un territoire signifie s'assurer des revenus grâce à différents types de racket, à commencer par les enlèvements. En Haïti, tout le monde peut se faire kidnapper. Et en effet, à peine l'équipe d'"Envoyé spécial" a-t-elle quitté le quartier de Bel Air qu'elle assiste à une scène d'une violence inouïe, mais pourtant presque quotidienne. Un homme gît au sol, touché par plusieurs balles perdues sous les yeux de sa femme. Un kidnapping en pleine rue qui a mal tourné...
Encore en vie, la victime est évacuée à bord d'un taxi collectif. La police intervient, et tire pour disperser la foule. "Avant, on n'entendait pas de tirs ici, c'est en bas de la ville que c'est chaud, normalement. Aujourd'hui, c'est partout", déplore une riveraine.
Extrait de "Haïti : un pays aux mains des gangs", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 14 mars 2024.
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