Vidéo Névrose du secret et cancers du poumon près d'un ancien site d'expérimentation nucléaire

Vaujours, en Seine-Saint-Denis, et Moronvilliers, en Champagne. "Complément d'enquête" a cherché à en savoir plus sur ces deux anciens sites militaires du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) qui restent classés "secret-défense". Des milliers de tirs d'essai y ont été réalisés avec des matériaux radioactifs. Extrait à Pontfaverger, le village tout proche du polygone d'expérimentation de Moronvilliers, fermé en 2014.

La loi du silence

La loi du silence a régné ici pendant un demi-siècle. Aujourd'hui, les riverains s'interrogent sur des cas de cancer inexpliqués. Les autorités nient qu'il y ait eu par ici des matières fissiles, explique le médecin du village, qui dénonce une "névrose du secret". Parmi ses patients, deux membres de la famille du maire, Damien Girard. Son beau-frère et son beau-père était employés comme maçons au polygone. Tous deux sont prématurément décédés d'un cancer du poumon. Une pathologie apparemment fréquente chez les anciens employés du CEA.

Des sous-traitants sans protection

Le CEA, le beau-père de Damien Girard n'en parlait jamais. Et puis, en phase terminale, il lui confie avoir descendu une caméra dans l'un des puits d'expérimentation, là où étaient effectués les tirs à l'uranium et au béryllium, extrêmement toxique : "C'est magnifique, lui a-t-il dit. On croirait les vitraux de la cathédrale de Reims ! Moi, j'avais mes gants en cuir et mes bottes en caoutchouc, et on se serait crus sur la planète Mars. Tous les gens autour étaient en combinaison et en masque." Damien Girard : "Et lui, le sous-traitant : rien !"

Extrait du reportage "Un secret explosif", diffusé dans "Complément d'enquête" le 14 décembre 2017.