: Vidéo Bygmalion : quand Jean-Louis Debré allume la mèche de l'affaire qui va faire exploser la droite
A l'été 2013, le scandale n'a pas encore éclaté, mais l'affaire Bygmalion est déjà une bombe à retardement. Et c'est un vieux grognard de l'UMP qui va allumer la mèche... Jean-Louis Debré témoigne dans cet extrait de "Complément d'enquête" sur "Le secret qui a fait exploser la droite".
Octobre 2012 : Nicolas Sarkozy n'a pas été réélu, mais la grande famille de la droite félicite tout de même la cheville ouvrière d'une campagne "fantastique" – dixit Jean-François Copé. Celui qui est aussi son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, reçoit officiellement l'ordre national du Mérite des mains de l'ancien président.
Sur des photos que rediffuse "Complément d'enquête" le 25 mai 2023, l'équipe de campagne est réunie au complet autour des deux hommes forts de l'UMP. On y trouve beaucoup de prévenus du procès, notamment Bastien Millot, le patron de l'entreprise prestataire de la campagne : Bygmalion. Celle-là même que la justice soupçonne d’avoir accepté de maquiller les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Le scandale n'a alors pas encore éclaté, mais c'est un vieux grognard de la droite qui va allumer la mèche.
Pour obtenir le remboursement d'une partie de leurs dépenses de campagne, les candidats doivent faire valider leurs comptes par le Conseil constitutionnel. En 2013, il est présidé par un chiraquien historique, Jean-Louis Debré. Qui, comme tel, n'est pas un soutien de Nicolas Sarkozy, bien au contraire... A l'entendre, ce dernier lui aurait demandé de fermer les yeux sur les anomalies repérées par la Commission nationale des comptes de campagne...
Un coup de fil de Nicolas Sarkozy et une "jurisprudence Roland Dumas"
Nicolas Sarkozy en personne l'appelle, raconte-t-il dans "Complément d'enquête", pour lui dire à peu près ceci : "Mes comptes de campagne ont été examinés par la Commission nationale des comptes de campagne, ce sont tous des gauchistes, et ils ont voulu me régler mon compte. Donc tu rectifieras tout, et attention à tes responsabilités."
"Il y avait à l'époque, rappelle l'ancien président du Conseil constitutionnel (2007-2016), ce que l'on appelait 'la jurisprudence Roland Dumas', pour les comptes de campagne de Balladur et de Chirac." [En 1995, ces comptes avaient été validés sous la présidence de Roland Dumas, bien que des irrégularités aient été constatées.] Donc je sens bien qu'il y a des pressions, mais je suis intraitable." ("Il aurait eu Jacques Chirac dans la même situation face à lui, il ne l'aurait pas fait !" assure Jérôme Lavrilleux dans cet extrait.)
De fait, le Conseil constitutionnel rejettera les comptes de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy... pour un dépassement de 2% du plafond autorisé. Les "sages" ont détecté moins de 500 000 euros de dépassement. Bien loin du pactole (quelque 18 millions d'euros) réellement dissimulé grâce à Bygmalion...
Extrait de "Le secret qui a fait exploser la droite", un document de Tristan Waleckx, Fabrice Lhomme et Gérard Davet (La Feelgood Company) à revoir dans "Complément d'enquête" le 25 mai 2023.
> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.