Vidéo Au Puy du Fou, l'obsession du "génocide vendéen", une thèse contestée par les historiens

Aux murs de la chapelle, des scènes sanglantes, des corps amoncelés sur des bûchers, des têtes coupées (dont celle de Louis XVI) brandies par des porteurs de cocarde tricolore. Sur ces fresques, "les Bleus (républicains) arrivent dans les villages avec pour ordre de brûler ou de tuer", en application de "plusieurs décrets" visant à "exterminer les Vendéens en tant que tels" – parce qu'ils se sont levés contre la Révolution dont ils n'acceptent pas les valeurs, nous explique un jeune guide. Il juge "très important de montrer une telle violence, puisque que c'est ce qui s'est réellement passé".

Cette chapelle fraîchement rénovée, au nord du parc du Puy du Fou, n'est connue que de quelques initiés. Philippe de Villiers en est le parrain. Ce jour-là, il est attendu par son ami Reynald Secher, un historien contesté dans le milieu universitaire... et une équipe de "Complément d'enquête". Pendant ce temps, dans le cloître se tient une vente de livres consacrés à des thèmes (l'islam, les juifs en France...) chers à l'extrême droite.

Le plus célèbre des Vendéens va inaugurer un mémorial en hommage à ceux qu'on appelle ici les "martyrs vendéens". Que les républicains aient commis des exactions en Vendée, les historiens ne le remettent pas en cause. Mais pour ces nostalgiques de la monarchie, il s'agit d'un "génocide", une thèse qui doit beaucoup à Philippe de Villiers.

"Le terme de 'génocide' n'est absolument pas reconnu par les historiens. Les Vendéens sont ciblés comme des rebelles politiques, ce sont des Français qui s'entretuent, il n'y a rien de génocidaire là-dedans. On peut parler plutôt de violences de guerre civile, mais de 'génocide', absolument pas, c'est faux." 

Guillaume Mazeau, historien spécialiste de la Révolution française

dans "Complément d'enquête"

Faire reconnaître ce "génocide vendéen", c'est son obsession. Derrière le divertissement, c'est tout le parc d'attractions qui raconte "son" histoire de la Vendée : une terre sacrifiée par un régime qui suscite toujours la défiance ici. "La république, c'est de la merde" : cette phrase, Laurent de Villiers, le plus jeune des sept enfants du patriarche, affirme l'avoir entendue souvent dans la bouche de son père. "On était monarchistes. Si vraiment la république, c'est la merde, alors il faut s'impliquer, et la combattre. Et c'était ça que Philippe nous disait."

Ses convictions sont mises en scène dans un spectacle joué au Puy du Fou, "Le Dernier Panache", inspiré d'un de ses livres et vu depuis 2016 par plus de 10 millions de spectateurs. Des gradins qui pivotent et des effets spéciaux pour présenter au grand public ce "génocide vendéen" comme un événement authentique. Notre historien y a relevé certaines erreurs, comme ce "défilé macabre avec (...) des enfants liés par les mains à une guillotine ambulante… Les guillotines ambulantes ont existé, mais jamais on ne guillotinait des enfants… donc là, il y a vraiment une surenchère et, surtout, une falsification".

Quant au nombre de victimes des républicains (300 000) avancé à la fin du spectacle, il est "absolument faux". "Les estimations, c'est entre 170 000 et 200 000 morts, ce qui est considérable, ça veut dire qu'il y a eu des violences de masse qui ont été commises, une répression, précise Guillaume Mazeau, mais ce n'est pas 300 000."

Extrait de " Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 7 septembre 2023.

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