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Jihad : ces jeunes Français qui basculent en quelques mois

La France compte ses enfants perdus, partis faire le jjihad en Irak et en Syrie. À peine sortis de l' adolescence et déjà embrigadés dans des guerres meurtrières, comme si c'étaient les leurs. Ils seraient 900. Un chiffre toutefois difficile à vérifier officiellement. Comment ces garçons et ces filles se laissent-ils séduire par des recruteurs ? Pour la toute première fois, certains d'entre eux, rentrés récemment, témoignent dans "Complément d'enquête", le jeudi 9 octobre.

Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
  (CITIZENSIDE/GUILLAUME BRIQUET / CITIZENSIDE.COM)

La crise d'adolescence passerait-elle par le jjihad ? Les chiffres sont alarmants : le nombre de jeunes jihadistes Français ne cesse d'augmenter et les jeunes filles seraient de plus en plus nombreuses. Sur les 900 Français partis en Irak et en Syrie, un quart serait des femmes, dont beaucoup de mineures.

Mi-août, ils était 350 de l'Hexagone à combattre dans ces pays et en 6 mois, leur nombre a augmenté de 50%. Âgés de 14 à 21 ans, ils viennent de tous les milieux sociaux. Mais surtout, et c'est ce qui est nouveau, 80 % de ces jeunes sont isssus de familles athées et 70% d'entre eux n'ont aucun lien avec l'immigration.

Le recrutement via Internet

Il y a 10 ans, les radicaux faisaient basculer de jeunes fragilisés. Aujourd'hui, grâce à Internet, aux images subliminales des jeux vidéo, les techniques d'endoctrinement propres aux sectes et à l'Islam peuvent faire basculer un jeune qui va bien, scolarisé et sans problèmes familiaux. En jouant aussi la carte de l'humanitaire, ils touchent de plus en plus de filles, des bonnes élèves qui souhaitent s'engager pour les autres. Il suffit d'un "clic" pour être "endoctriné". 

Avec 220.000 vues sur Youtube, la bible des jihadistes "Al-Mahdi et le second Khilafah" est un montage à mi-chemin entre "Star Wars" et "Lauwrence d'Arabie". Cette vidéo annonce la fin du monde et l'établissement du Califat en Syrie : "ceux qui mourront là-bas seront les meilleurs martyrs".

Alors, pour la cause, ces jeunes Français changent d'identité, accolent des "Abou" et des "Ibn" à leur nouveau prénom. Ils expurgent leur compte Facebook de toute trace de leur vie d'avant (soirées, flirts). Sur leur mur, ils partagent des photos de barbus armés de kalachnikovs, des images de Ben Laden ou des vidéos d'enfants sous les bombes à Alep.

La faute à qui ? L'inaction occidentale face aux massacres perpétrés par Bachar-el-Assad contre sa propre populution ? Une perte de repères, une crise des "cultures" comme l'explique le spécialiste Olivier Roy dans Libération. Selon lui, l'Etat islamique est plus l'expression d'un immense fantasme qu'une véritable idéologie politique. "Un monde imaginaire...où aujourd'hui, le djihad est la seule cause sur le marché".

Des "loups solitaires"

Le conflit Syrien a vu éclore un nouveau type de jeunes jihadistes, appelés "loups solitaires", dont le plus célèbre est Medhi Nemmouche. Pour la plupart, ce sont des jeunes sans expérience, radicalisés depuis peu de temps. Le voyage voyage vers l' Irak et la Syrie est facile. En passant par la Turquie, les citoyens Français n'ont pas besoin de visa. Et c'est pour mieux contrôler leurs départs que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a présenté un plan anti-jihad ainsi qu'un projet de loi visant à criminaliser tout projet individuel de djihad. L'important étant d'interpeller ces jeunes dès qu'ils émettent le souhait de partir. A leur retour en France, il est déjà trop tard. Ils sont formés au maniement des armes et des explosifs.

Risquent-ils de frapper une fois de retour en France?

C 'est la grand danger et un défi pour les services de renseignements. Dans le cas de Mehdi Nemmouche, l'antiterrorisme a pu le repérer à son retour. Il avait suivi une filière de recrutement dite "classique" en passant par la case prison. Mais les autres sont de véritables bombes à retardement. Ils partent en Syrie "plein de bons sentiments", inconnus des services de renseignement et sans avoir pu être repérés. Et certains partent pour se former et revenir "frapper" en France. 

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