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Vidéo Dans les Alpes, la lutte contre la pollution à un train de retard

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Durée de la vidéo : 3 min
L'Oeil du 20h : 02/04/2019
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Pour lutter contre la pollution des poids lourds, il y a une solution, les mettre sur des rails. Une bonne idée, clamée par tous les ministres des Transports depuis dix ans. Mais pourquoi n’y a-t-il donc pas plus de camions sur les trains ?   

En Savoie, la vallée de la Maurienne est le principal point de passage des poids lourds vers l’Italie. Localement, les problèmes de pollution et de trafic des véhicules sont fréquents. Chaque jour, plus de 2 000 camions s’engouffrent dans le tunnel du Fréjus. En parallèle, à peine une centaine de semi-remorques montent sur les trains de l’autoroute ferroviaire alpine, pourtant moins chère.

Pourquoi une si faible fréquentation ? Il n’y a qu’un seul train la nuit et selon le transporteur routier Stéphane Jacquemmoz, les horaires en journée ne sont pas adaptés à son activité : "Les trains la journée ne servent à rien car la journée nos camions sont dans les usines, ils déchargent et ils chargent. S’il y avait plus de trains la nuit, on pourrait facilement doubler le pourcentage des camions sur les trains."

Sur l’autoroute ferroviaire, il n’y a que 4 allers retours par jour. Pour en demander davantage, c’est inédit, les transporteurs routiers se sont même alliés aux écologistes des Amis de la terre. Ensemble, ils ont écrit à la ministre des Transports pour l’interpeller sur le manque de ferroutage.

Alors pourquoi n’y a-t-il pas plus de trains sur cette ligne ? Ce n’est pas un problème d’infrastructure, l’Etat a dépensé 107 millions d’euros entre 2008 et 2012 pour rénover le tunnel ferroviaire et permettre à tous les poids lourds d’y passer.

L’explication est économique. Malgré les investissements, l’entreprise Viia, filiale de la SNCF qui exploite l’autoroute ferroviaire, n’arrive pas à gagner de l’argent. En 2016, elle a subi 8,8 millions d’euros de pertes. L’année suivante, elle perdait 13,2 millions d’euros. Pour son PDG, Thierry le Guilloux, ce sont les caractéristiques de la ligne qui expliquent les pertes : "On est sur du franchissement de montagnes, des trains très courts, ce sont des activités qui sont structurellement déficitaires et qui ne vivent que parce qu’elles sont dans un système subventionné. Pour augmenter la fréquence, il faudrait augmenter les subventions. "

Malgré 4 millions et demi d'euros de subventions par an, ce type de transport combiné rail-route à travers les Alpes revient particulièrement cher. En effet, en montagne, il faut deux locomotives pour tracter une rame, et les wagons utilisés, de fabrication française, sont coûteux et seraient peu efficaces selon Patrice Salini, économiste des transports : "La technologie elle-même est relativement chère, plus chère que les technologies concurrentes. C’est le coût du wagon notamment et le coût de l’installation au sol. Si on veut que ça marche, il faut réfléchir à comment on produit efficacement du transport combiné, et pas comment on subventionne plus."

Pour passer l’an prochain de 4 à 6 trains par jour, la ministre des Transports promet de nouvelles aides. A défaut de rentabilité, pour chasser la pollution, rien de tel que les subventions.

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