Visite présidentielle surprise à Gandrange
Aux fins analystes du petit théâtre de la politique le soin de décrypter cette visite présidentielle surprise à Gandrange, en Moselle, où ArcelorMittal a fermé son aciérie malgré les promesses relayées par le chef de l'Etat.
_ Volonté de reprendre l'initiative alors que la majorité est malmenée par les controverses (sur Frédéric Mitterrand, sur l'élection de son fils à l'EPAD, sur sa politique fiscale) ? Réponse aux demandes de plus en plus pressantes des ex-salariés et de élus de Gandrange, qui ont installé en ville un compteur des “jours sans visite de Nicolas Sarkozy”, après sa visite ratée de jeudi dernier ?
Toujours est-il qu'en début d'après-midi, la nouvelle est tombée que Nicolas Sarkozy allait se rendre à Gandrange, alors que rien n'avait filtré. Vingt minutes après, il s'enfermait dans une salle de réunion de la mairie, avec des représentants des syndicats et de la direction d'ArcelorMittal, et des élus du secteur. Il s'est en fait invité à une réunion technique prévue de longue date.
20 MOIS POUR REVENIR A GANDRANGE
Du président de la République, ils attendent plus qu'une opération de communication destinée à redorer son blason. Jeudi dernier, les habitants de Gandrange, qui a perdu 600 emplois après la fermeture des sites ArcelorMittal, avaient été consternés de voir Nicolas Sarkozy venir en Lorraine en évitant soigneusement leur ville. Il s'était déplacé le 4 février 2008, dans l'aciérie qui comptait 1.100 ouvriers, au lendemain de son mariage avec Carla Bruni en promettant qu'il n'y aurait pas de fermeture et qu'il reviendrait. Il lui aura fallu 20 mois pour tenir cette dernière promesse et entre temps, l'aciérie a fermé.
575 salariés y ont perdu leur emploi. Seule une vingtaine reste à reclasser, mais les syndicats estiment que les engagements sur la revitalisation du site n'ont pas été tenus.
300 MILLIONS D'EUROS POUR DES RAILS
Il a donc à nouveau promis la création d'une centaine d'emplois en Moselle et des investissements à hauteur de 20,5 millions d'euros (16 millions pour la fabrication de portes coupe-feu, avec 66 emplois à Yutz, ainsi que la création d'un atelier de coupe et de cintrage, de 33 emplois ; 4,5 millions dans le train à billette, seule partie du site ArcelorMittal encore en activité).
Seule annonce nouvelle, de taille, un contrat de 300 millions d'euros avec le sidérurgiste anglo-néerlandais Corus-rails et Réseau ferré de France, pour la fabrication de rails.
Pas sûr que ces “annonces” présidentielles désamorcent la frustration et le sentiment d'avoir été abandonnés des habitants de Gandrange. Car les mesures ont un goût de déjà-vu. Il ne fait en effet que confirmer le plan de revitalisation concocté il y a un an par Luc Chatel, alors secrétaire d'Etat à l'industrie.
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