Victoire des nationalistes en Corse : un "tsunami amplifié", se réjouit Gilles Simeoni
Le leader des autonomistes a salué la victoire des nationalistes aux élections territoriales sur l'île de Beauté dimanche. Selon lui, il s'agit d'un message envoyé à Paris pour "tourner la page" d'un conflit vieux de "50 ans".
Le leader des autonomistes corses, Gilles Simeoni, a réagi, sur franceinfo, à la victoire des nationalistes aux élections territoriales sur l'île, dimanche 10 décembre. Le président du conseil exécutif de Corse, qualifie le scrutin de ce dimanche de "tsunami amplifié", après un "raz-de-marée dimanche dernier au premier tour".
franceinfo : Quelle est votre réaction après la victoire des nationalistes corses aux élections territoriales dimanche ?
Gilles Simeoni : Le résultat de ce soir (dimanche) est exceptionnel. Il sans précédent dans l'histoire contemporaine de la Corse. Mais au-delà de ce résultat électoral, c'est un double message envoyé par une grande majorité de Corses. D'abord un message d'espoir avec une dynamique d'ensemble de la société corse : une dynamique d'apaisement, de volonté de construction, d'innovation, d'émancipation. C'est aussi un message envoyé à Paris, au gouvernement et à l'Etat. Il dit qu'il y a une question corse, qui, depuis 50 ans, s'exprime de façon conflictuelle, mais nous sommes aujourd'hui dans une volonté de dialogue, d'apaisement, nous voulons tourner la page de ce conflit. Mais ça passe aussi par la reconnaissance par Paris de la question corse, de son caractère éminemment politique.
Vous avez la majorité dans cette nouvelle collectivité, il va falloir réussir maintenant...
Nous avons conscience des défis qui nous attendent, de l'ampleur de la tâche, de sa difficulté. En quelques années, la Corse a connu un basculement politique majeur, puisque l'ancien système qui était adossé à des pratiques dont les Corses manifestement ne veulent plus aujourd'hui, a disparu. Dans la plupart des villes et villages, c'est un véritable raz-de-marée démocratique. Nous avons des relais politiques et une implantation générale qui nous donne beaucoup de leviers. Cela nous donne aussi des responsabilités accrues, c'est certain. Notre volonté est de faire que notre victoire ne soit pas celle d'un camp sur un autre, ne soit pas seulement la victoire des nationalistes, mais qu'elle devienne la victoire de la Corse toute entière. Pour ce faire, nous allons continuer à travailler avec un état d'esprit d'ouverture, qui a été le nôtre pendant les deux années écoulées. Nous ne nous adressons pas seulement à notre famille politique, nous considérons que construire la Corse, c'est nécessairement la construire avec toutes celles et tous ceux qui y vivent, y compris les Corses de la diaspora.
Que ferez-vous pour donner à la Corse un nouvel élan ?
Le mandat donné ce soir est très clair : c'est cette volonté d'inventer un nouveau modèle de développement économique, de sortir des systèmes anciens, basés sur l'immobilier, la construction de résidences secondaires, un tourisme de masse, pour aller vers une économie plus diversifiée, où le tourisme aurait toujours une place centrale, mais deviendrait un tourisme durable, où il aurait une place pour une véritable agriculture. Cela implique la préservation d'espaces stratégiques agricoles. Une Corse qui maîtrise ses transports, qui gère sa ressource hydraulique, qui affirme son autosuffisance énergétique. Nous pensons que la Corse a tous les atouts pour devenir un territoire pionnier, exemplaire en Méditerranée pour le développement durable notamment. C'est aussi pour cela que nous disons à Paris qu'il faut sortir des anciens schémas, notamment la logique de dépendance et de subventions pour aller vers une logique de transfert de la ressource fiscale, pour un statut d'autonomie de plein exercice et de plein droit.
Qu'avez-vous à dire à Emmanuel Macron ce soir ?
Je lui dis de façon solennelle : 'Ecoutez Monsieur le président de la République le message qu'une majorité de Corses a délivré ce soir à travers l'expression du suffrage universel. Vous pouvez être l'homme d'Etat qui va régler un conflit qui dure depuis 50 ans. Il suffit d'en exprimer la volonté politique, nous sommes de notre côté prêts au dialogue et désireux de le mettre en œuvre.'
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.