Valérie Pécresse annonce sa candidature à la présidentielle de 2022 "avant qu’il ne soit trop tard", estime un politologue
Bruno Cautrès juge que la présidente de la région Ile-de-France se déclare candidate avant que Xavier Bertrand ne soit déclaré candidat par "l'opinion".
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Libres !), annonce dans un entretien au Figaro sa candidature à la primaire de la droite en vue de l’élection présidentielle de 2022. Une décision qui aurait dû arriver "un peu plus tard" dans l’été, estime Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CNRS et au Cevipof, jeudi 22 juillet sur franceinfo. Egalement enseignant à Science-Po Paris, il estime que c’est une "course de vitesse" face à Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France.
franceinfo : Cette annonce n’est pas une surprise, mais elle arrive plus tôt que prévu ?
Bruno Cautrès : Valérie Pécresse avait dit, au lendemain de sa réélection à la tête de la région Ile-de-France, qu’elle se donnait l'été pour réfléchir. Alors certes, l’été est déjà bien avancé, mais on pensait que son calendrier serait un peu plus tard. Et elle a compris, sans aucun doute, qu’il y a une dimension stratégique. Vous savez, dans une compétition politique, c'est la dimension de la bonne gestion du temps. Et on voit que pour elle, il s'agit d'agir et de faire connaître sa candidature avant qu'il ne soit trop tard, c’est-à-dire avant que l'opinion n'ait dit "c'est Xavier Bertrand, le candidat". Donc on voit que c’est une course de vitesse et bien évidemment, les réunions qui ont eu lieu ces dernières heures ont sans aucun doute compté aussi dans sa décision.
"Lorsque les politiques disent qu'ils recherchent tous l'union, qu'ils recherchent tous l'entente, au fond, chacun aussi essaie de jouer sa propre partition."
Bruno Cautrès, politologueà franceinfo
On est dans un jeu stratégique en ce moment autour de la question de la primaire. Valérie Pécresse se déclare candidate à la primaire. On voit qu'il y a là matière à faire pression sur Xavier Bertrand qui, lui, pour le moment, continue d'afficher son refus de se soumettre à une primaire. Donc on voit qu'on va progressivement vers un jeu stratégique, qui est potentiellement dangereux. Le centre droit ne peut pas se permettre d'avoir deux candidats à l'élection présidentielle et on est dans un rapport de force très stratégique entre Xavier Bertrand et les autres candidats, en particulier Valérie Pécresse.
Quand on demande à Valérie Pécresse si elle ne craint pas deux candidatures à droite avec Xavier Bertrand, elle répond que "c’est aux Français de la droite et du centre de décider". Mais puisqu'il ne se présentera pas à la primaire, les Français de la droite et du centre n'en décideront pas ?
Non, et c'est un peu le fond du problème depuis le début. Et c'est vrai que le positionnement très stratégique de Xavier Bertrand repose sur deux paramètres importants. Le premier, c'est la constance avec laquelle il a réaffirmé ne pas vouloir en passer par la primaire au nom d'une conception classiquement gaulliste de l'élection présidentielle, c'est-à-dire la rencontre entre un candidat et le peuple de France. Et puis, un deuxième paramètre pour Xavier Bertrand, c'est aussi celui d'avoir annoncé en avance aux électeurs des Hauts-de-France qu'il serait candidat à la présidentielle de manière à ne pas être pris en défaut au lendemain des élections régionales. Certes, Valérie Pécresse avait donné des signaux qui étaient des signaux d'une volonté de candidature, mais elle n'avait pas dit clairement aux électeurs d'Ile-de-France qu'elle serait candidate à l'élection présidentielle.
"On voit qu'effectivement, il y a une véritable stratégie qui va se jouer entre ces deux-là, en particulier sur la question de la primaire."
Bruno Cautrès, politologueà franceinfo
Pour Xavier Bertrand, il s'agit d'obtenir que Les Républicains disent "on ne peut pas se permettre deux candidats, il faut en finir avec l'histoire de la primaire." Et pour Valérie Pécresse, c'est l'idée selon laquelle Les Républicains ont déjà engagé la primaire et elle veut contraindre cette famille politique, dont elle n'est plus membre d'ailleurs, d'organiser une primaire.
Valérie Pécresse veut "restaurer la fierté française" et dit qu’il faut "stopper l'immigration actuelle". On est sur un terrain très à droite ?
Oui, tant pour Valérie Pécresse que pour Xavier Bertrand. S’ils entendent se faire adouber, d'une manière autre, que ce soit avec ou sans primaire, par Les Républicains, il s'agit bien évidemment de venir sur le terrain de jeu des Républicains, et en particulier tout ce qui concerne beaucoup l'électorat des Républicains, comme la question de l'immigration, la question de la sécurité. De manière un peu plus générale, ils entendent être des candidats dits de la droite et du centre. Mais dans la droite et le centre, il y a quand même beaucoup la droite.
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