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Un an après le discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy échaudé sur la sécurité

Il y a un an jour pour jour, le président de la République prononçait un discours musclé à Grenoble, à la suite d'émeutes dans cette ville, ainsi qu'à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher. Il liait pour la première fois immigration et délinquance et proposait la déchéance de nationalité. Mais ses montées au créneau sur le thème de l'insécurité ne semblent pas lui avoir réussi dans les sondages, et aujourd'hui, il change d'angle d'attaque.
Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy dans son costume de super-ministre de l'Intérieur, c'était il y a un an. A Grenoble, il lançait un discours martial, dans la veine de sa vieille tactique politique, qui consistait à surfer sur les faits divers. Un credo derrière cet étalage de muscle : la sécurité était la préoccupation numéro un des Français. Accessoirement, le positionnement permettait de ressouder la droite de la majorité et de siphonner des électeurs au front national, comme il l'avait fait en 2007.

Mais si l'Histoire bégaye parfois, elle ne se répète pas. Et cette fois, le calcul politique ne semble pas s'être avéré payant. Malgré ses coups de poing sur la table dans le domaine judiciaire et policier, Nicolas Sarkozy s'est dangereusement affaissé dans les sondages, alors que l'élection présidentielle pointait son nez.

Les conséquences sur le terrain de ces sorties ne sont en effet pas apparues comme des succès. A Grenoble, Nicolas Sarkozy lançait une proposition choc : la déchéance de nationalité pour les “Français d'origine étrangère” qui s'en prendraient à des représentants des forces de l'ordre. Mais la mesure a été retoquée par le Conseil constitutionnel.
_ L'an dernier, il a également annoncé la fin des campements illégaux de Roms, accompagnés d'expulsions, ce qui a valu à la France une mini-crise diplomatique avec l'Union européenne. Mais aujourd'hui, espace Schengen oblige, beaucoup sont revenus, souvent dans des conditions de vie préoccupantes.

Dans le domaine de la sécurité, l'affaire Laetitia, cette adolescente sauvagement tuée près de Pornic en Loire-Atlantique, a également vu le chef de l'Etat monter au créneau. Cette fois c'est aux magistrats qu'il s'en est pris, les accusant de laxisme vis à vis d'individus connus comme dangereux. Le conflit avec le monde judiciaire qui a suivi n'a finalement pas tourné à l'avantage politique de Nicolas Sarkozy, qui a continué à baisser dans les enquêtes d'opinion.

Résultat, le Président de la République a changé de tactique. Plus sobre sur les faits divers, il se recentre sur le créneau économique. C'est d'ailleurs là-dessus qu'il préfère à présent attaquer le Front national. Crise oblige, la sécurité est en effet passée au second plan dans les préoccupations des Français.

Le thème n'est pas pour autant délaissé. Mais c'est le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui est chargé de la besogne. Le gouvernement devrait voir arriver Thierry Mariani, l'animateur du tout nouveau collectif “droite populaire”, qui forme l'aile droite de l'UMP, qui devrait aussi donner de la voix sur le sujet.

Grégoire Lecalot, avec agences

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