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Présidence de l'UMP : Le Maire et Sarkozy s'affrontent, on a compté les points

A trois semaines du choix des militants pour la présidence du premier parti d'opposition, les deux hommes ont organisé la même semaine un meeting à Paris.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
A gauche, Nicolas Sarkozy lors de son meeting à Paris, le 7 novembre 2014. A droite, Bruno Lemaire lors de son meeeting à Paris, le 4 novembre 2014. (CITIZENSIDE / AURÉLIEN MORISSARD / AFP)

Dernière ligne droite. Dans trois semaines, le 29 novembre, les militants de l'UMP devront choisir un nouveau président pour leur parti : Hervé Mariton, Nicolas Sarkozy ou Bruno Le Maire. L'ancien président de la République reste largement favori pour ce scrutin interne, mais les sondages montrent un retour plus laborieux qu'attendu de l'ancien chef de l'Etat et un engouement modéré autour de sa campagne. Si Hervé Mariton a décroché dans les enquêtes d'opinion, Bruno Le Maire bénéficie d'une réelle dynamique dans cette course à la présidence de l'UMP.

Afin de rameuter les voix des Parisiens, l'ancien ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy a tenu un meeting le 4 novembre à la Mutualité, dans le 5e arrondissement de la capitale. Trois jours plus tard, Nicolas Sarkozy organisait à son tour une grand-messe au Parc des expositions de la porte de Versailles. Pour compter les points et jouer aux jeux des sept différences, francetv info s'est rendu aux meetings des deux favoris.

1Affluence : avantage Sarkozy

En ouverture du discours de Nicolas Sarkozy, le député UMP Claude Goasguen annonce fièrement que 5 000 personnes sont présentes dans la salle. Un chiffre qui semble légèrement surévalué. Avant le début du meeting, un organisateur évoquait le chiffre de 4 000 et un membre de l'UMP joint après le meeting assure qu'il y avait moins de 3 000 chaises installées dans la salle. Quoi qu'il en soit, c'est toujours plus qu'au meeting de Bruno Le Maire, pour lequel environ 1 500 militants se sont déplacés. "Sarkozy, c'est une bête de scène, les gens veulent le voir, mais ça ne veut rien dire", assure-t-on dans l'entourage de Bruno Le Maire.

2Ambiance : avantage Sarkozy

"Hollande t'es foutu, Sarkozy est revenu !" La claque est bien organisée, les jeunes sont mis en avant sur la scène et le public donne de la voix. Au meeting de Nicolas Sarkozy, il s'agit de démontrer sa force. 

Rassemblement plus classique du côté de Bruno Le Maire. Les jeunes aux tee-shirts colorés et floqués du slogan "Le renouveau, c'est Bruno" tentent bien de donner de la voix, mais ils ne parviennent pas au même niveau de décibels. 

3 Défilé de stars : avantage Sarkozy

Difficile de lutter quand son adversaire met en avant Bernadette Chirac, Carla Bruni ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet. Bernadette Chirac, vedette du soir, est acclamée à plusieurs reprises. Assise au premier rang, l'ancienne première dame aura même le droit à un hommage appuyé de Nicolas Sarkozy en toute fin de discours.

Mais la force du meeting de Nicolas Sarkozy, c'est surtout d'avoir rameuté - au-delà des fidèles - un grand nombre de fillonistes. Valérie Pécresse, Pierre Lellouche, Philippe Goujon, Jean-François Lamour étaient de la partie. Au meeting de Bruno Le Maire, en dehors des habituels soutiens du député de l'Eure, la "star" se nommait Jérôme Chartier, le bras droit de François Fillon. Ce dernier a rallié le camp des lemairistes dimanche dernier dans le JDD. Avant le meeting de mardi, il déclarait : "Voter pour Bruno Le Maire, c'est voter pour quelqu'un qui veut protéger, défendre et faire grandir l'UMP."

4 Discours : égalité

Dans un long discours plein de lyrisme, Nicolas Sarkozy a fait l'apologie de la République en tant que "morale de l'homme et du citoyen", entité "indivisible" et garante de la "souveraineté du peuple". Un discours qui a cherché à prendre de la hauteur pour dessiner une stature de rassembleur au-dessus des querelles partisanes. Certains ont vu derrière ces mots l'influence d'Henri Guaino qui serait revenu dans les bonnes grâces présidentielles.

Mais le propos de Nicolas Sarkozy a par ailleurs manqué de concret. S'il a esquissé son futur grand parti fondé "sur l'intelligence, l'ouverture d'esprit, la générosité", il n'est pas rentré dans le détail de sa méthode pour arriver à ses fins. Nicolas Sarkozy a par ailleurs semblé en difficulté dans une posture du grand écart, en tentant de donner des gages au centre d'un côté et à la droite de sa droite de l'autre. Il s'est ainsi montré offensif sur les thèmes de l'identité nationale et de l'immigration, évoquant l'héritage de la Chrétienté, fustigeant le communautarisme et refusant de voir des femmes voilées accompagner les sorties scolaires. Mais il a également rappelé à plusieurs reprises "l'humanisme", "la solidarité" et la "générosité" de sa conception républicaine.

De son côté, Bruno Le Maire a livré un discours plus court et plus concret fondé sur ses propositions pour rénover l'UMP. Meilleure organisation resserrée, transparence sur les finances du parti, garantie de primaires ouvertes, parité, place faite aux jeunes, l'énarque défroqué est rentré dans le détail de son projet pour l'UMP. Il a formulé quelques propositions concrètes comme la suppression des régimes spéciaux, un droit d'entrée de 100 euros pour l'aide médicale d'Etat (dispositif qui permet de prendre en charge les soins des étrangers) ou encore le rétablissement d'un service civil ou militaire de six mois.

5 Style : avantage Le Maire

Là où Nicolas Sarkozy est resté très conventionnel dans le déroulé de son meeting, Bruno Le Maire a laissé place à plus de modernité. Bruno Le Maire a traversé la foule de ses militants pour rejoindre sa tribune, Nicolas Sarkozy est arrivé par le côté, engendrant quelques déceptions - "Il devrait se montrer un peu plus, c'est vraiment dommage", regrette ainsi Jeanine, 73 ans. Quand Nicolas Sarkozy a supprimé pour son meeting parisien la traditionnelle séance de questions/réponses, Bruno Le Maire s'est volontiers prêté au jeu. Tombant la veste à la Barack Obama, le député a cassé l'estrade et fendu l'armure en descendant au milieu des militants pour engager le dialogue.

Mais Bruno Le Maire s'est surtout distingué par ses prises de risque. Sans jamais le nommer directement, il a taclé à de nombreuses reprises Nicolas Sarkozy. Il a critiqué avec force le projet de l'ancien président qui envisage de supprimer l'UMP et de proposer une fusion avec l'UDI : "Allons-nous perdre notre temps à faire de la cuisine politicienne?". Il a également exprimé ses différences sur l'Europe, en expliquant que pour lui la solution passée par un renforcement de l'espace Shengen et non par un assouplissement comme le propose Nicolas Sarkozy.

L'outsider a aussi osé quelques pointes d'humour. Saluant des militants venus du Canada, il glisse avec malice : "Ils n'ont aucun mérite, ils ont fui Hollande [le président était alors en voyage officiel outre-Atlantique]".

6 Dynamique : avantage Le Maire

"La dynamique est là, les salles sont combles", se réjouit Nadine Morano. "Il y a un réel engouement, une vraie mobilisation", ajoute le président de Génération Sarkozy, Antoine Sillani. Les troupes sarkozystes ont beau afficher leur satisfaction, la dynamique n'est pas aussi forte qu'espérée. Annonçant en début de campagne une large victoire avec 80% des voix, les fidèles se contenteraient désormais largement d'un succès avec 70% voire 60% des voix.

"Sarkozy n'a pas travaillé sa campagne, il ne s'est pas préparé", lâche un proche de Bruno Le Maire. Dans le clan de ce dernier, on table avec modestie sur un score de 20% à 30%, tout en espérant faire plus et créer la surprise.

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