UMP : Copé se voit dans le fauteuil de Bertrand
Jean-François Copé et Xavier Bertrand, c'est l'histoire d'une solide inimitié. En 2008, le premier n'avait déjà pas digéré que le président de la République confie les clés de l'UMP à son vieux rival, et il avait conseillé à Nicolas Sarkozy de “garder un double”.
_ L'installation de Xavier Bertrand dans les meubles n'a pas fait renoncer le député-maire de Meaux. Et à défaut de se voir confier les clés par le propriétaire, il tente la procédure d'expulsion du locataire.
En coulisses, la bataille n'a jamais vraiment cessé. Mais à l'occasion des journées parlementaires de l'UMP, qui se tiennent à Biarritz depuis hier et jusqu'à cet après-midi, le patron des députés de la majorité a lancé l'offensive.
Premier acte : le déjeuner de presse. Tout en assurant en préambule que le mot d'ordre de ces journées parlementaires était : tous unis derrière Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé lâche son “offre de service” au président pour prendre la barre de la machine électorale que devient l'UMP à l'approche de l'élection suprême. Officiellement, il aspire à “prolonger au parti l'action que nous avons menée au Parlement”. Il admet aussi que ses relations avec Xavier Bertrand n'ont jamais été au beau fixe, sur le mode du “tout nous oppose”. Et d'inviter à se référer aux “deux infinis” de Blaise Pascal pour comprendre. Pas besoin de traducteur pour savoir qui il voit dans le rôle de l'infiniment grand.
UMP "INAUDIBLE" (Leonetti)
Ses lieutenants assurent le service après-vente : “l'UMP n'émet aucun son. Elle est inaudible”, lâche le député des Alpes-Maritimes, Jean Leonetti. Derrière lui se range toute la vieille “chiraquie”, comme Christian Jacob ou François Baroin, rejoints par quelques anciens sarkozistes en mal d'amour, comme Yves Jégo.
Au parc des expositions de Biarritz, les deux adversaires ont eu du mal à faire bonne figure, même assis côte à côte. Ce matin, Xavier Bertrand a répondu en martelant qu'il ne pensait pas que sa mission à la tête de l'UMP soit terminée : “Quand le président m'a proposé de prendre la tête de notre famille politique c'était un honneur, c'était pas seulement
pour quelques mois”, a-t-il souligné sur LCI.
Arrivé plus tôt que prévu à Biarritz pour s'assurer que la pression reste raisonnable dans la cocotte-minute UMP, le Premier ministre François Fillon, a pris la parole ce midi en conclusion des débats. “Personne, parmi nous, ne doit céder et ne cèdera à cette nervosité ambiante. Personne ne doit dissocier son avenir personnel de notre sort commun. Et personne ne doit exercer ses talents contre son propre camp”, tempère-t-il. Filant la métaphore maritime, il ajoute “Nous sommes dans une passe agitée qui réclame sang-froid”. Un vrai discours de capitaine. Lui aussi.
Grégoire Lecalot, avec agences
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