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Toulouse : à quoi sert le congrès du PS ?

Les élections ont été remportées et Harlem Désir est déjà désigné comme premier secrétaire. Si ce congrès apparaît sans enjeu, il reste le terrain de poids lourds en quête d'influence.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le pupitre du congrès du Parti socialiste, le 26 octobre 2012. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Qu'il semble loin, ce funeste congrès de Reims. Celui qui, mi-novembre 2008, avait vu le parti se faire couper en deux par l'affrontement sans merci entre Martine Aubry et Ségolène Royal. Quatre ans plus tard, de l'eau a coulé sous les ponts et les socialistes se retrouvent à Toulouse (Haute-Garonne), du 26 au 28 octobre, dans une relative indifférence. Pour la première fois depuis 2000, un congrès du PS intervient alors que la gauche est au pouvoir. Et pour une fois, les socialistes n'ont pas à se demander qui va les emmener jusqu'à leur prochaine défaite. Mais alors, à quoi sert donc ce congrès ?

Pour Harlem Désir : à devenir le chef

Difficile de trouver poste plus ingrat que celui de premier secrétaire du PS. Surtout lorsqu'on a été coopté au terme de discussions aussi serrées que peu transparentes entre Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault et François Hollande. Ce 12 septembre, le nom d'Harlem Désir sortait du chapeau au détriment de son rival, Jean-Christophe Cambadélis. Une décision prise en réalité à l'Elysée sous la pression de quatre ministres influents (et aux dents longues) : Stéphane Le Foll, Manuel Valls, Vincent Peillon et Pierre Moscovici.

Car Harlem Désir avait l'avantage d'être le plus "rassembleur" (comprendre : le moins difficile à cadrer). Après une petite promenade de santé électorale (pas si réussie que ça) en octobre, face à un représentant de l'aile gauche du parti, Emmanuel Maurel, voilà le premier secrétaire par intérim bien installé dans son siège. A lui, désormais, de se forger une autorité et d'imprimer sa marque. Et d'éviter une défaite à son parti aux élections municipales et sénatoriales de 2014. Peut-être gagnera-t-il alors la faveur d'être reconduit à son poste lors du prochain congrès, en 2015. 

Pour les "éléphants" : à négocier dans l'arrière-boutique

Dur dur de perdre les mauvaises habitudes. Rompus aux grandes manœuvres d'appareil, surtout durant leur longue traversée du désert dans l'opposition, les socialistes n'ont rien perdu de leur talent. Officiellement, tout le monde (sauf les trublions de l'aile gauche et quelques micro-courants) est rassemblé sous la bannière de la motion "Désir" qui, avec 68% des suffrages, a échoué à obtenir un score totalement stalinien.

En misant sur lui, les poids lourds du PS pensaient atteindre 80 ou 90%, et rafler ainsi une proportion équivalente de sièges au conseil national, qui tient lieu de "Parlement" du parti. Raté. Les équilibres internes à cette majorité ont donc dû être revus.

Car au sein de ces 68%, on trouve un peu de tout. Des hollandais de la première heure, bien sûr, mais aussi des aubrystes, des fabiusiens, des ségolénistes, des jospiniens nostalgiques, des strauss-kahniens recasés, des montebourgeois... Et sous l'appellation "hollandais", des factions en devenir autour des ministres de la "bande des quatre" : à Toulouse, peillonistes, vallsiens, lefolliens et moscovicistes devront aussi se mettre d'accord entre eux pour se répartir leur part du gâteau. Avec un œil sur 2015. 

Pour les militants : à phosphorer sur le rôle du parti

Pas simple de trouver le ton juste quand ses amis politiques détiennent presque tous les leviers du pouvoir, de l'Elysée à Matignon, de l'Assemblée au Sénat, des grandes villes aux régions, en passant par les départements. Si vous vous réjouissez de l'action de l'exécutif, vous passez aussitôt pour un godillot sans épaisseur. Si vous jouez les activistes, vous provoquez illico un couac gouvernemental. Si vous êtes force de proposition, vous prenez le risque d'être cordialement ignoré, en raison des contraintes budgétaires.

Quel doit être le rôle du PS lorsque la gauche gouverne ? Voilà l'une des questions qui devrait tarauder les militants durant ces trois jours d'introspection. On ne sait pas trop où, ni à quelle heure, puisque le Parti socialiste semble rencontrer quelques difficultés à boucler le déroulement de son congrès. Le programme du vendredi a été dévoilé le jour même, en fin de matinée. On attend celui du samedi, une journée particulièrement difficile à caler car trop de ministres souhaiteraient s'exprimer à la tribune, confie Le Monde. Comme quoi, à défaut de révolutionner la société et malgré l'absence d'enjeu, un congrès doit bien receler une certaine utilité.

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