Tapie - Peyrelevade : parole contre parole
Auditionnés séparément par la commission des Finances de l'Assemblée sur l'arbitrage controversé rendu dans leur contentieux sur la vente d'Adidas, les deux hommes ont refait devant les députés le procès qui a opposé pendant 14 ans le Crédit Lyonnais et l'ancien homme d'affaires.
L'ancien ministre s'est exprimé pendant plus de trois heures devant les députés de la Commission des finances de l'Assemblée nationale chargée de faire la lumière sur la procédure d'arbitrage qui s'est soldée par l'octroi d'une indemnité de 285 millions d'euros (400 millions avec les intérêts) d'euros aux liquidateurs du Groupe Bernard Tapie.
Et Tapie le gouailleur est reparti en croisade contre le Crédit lyonnais, dénonçant l'attitude "mafieuse" de l'ex-banque publique qui aurait eu recours à un montage occulte pour s'enrichir sur son dos. "Ca fait mal d'avoir son nom sur une poubelle", a-t-il lancé en allusion à une publicité du Crédit Lyonnais parue dans le Figaro le 30 septembre 1994. "Je ne souhaite à personne que son nom devienne une injure publique. Même si j'ai fait des fautes, et j'en ai fait, je ne méritais pas ce traitement", s'est-il emporté, visiblement très ému.
"Halte au feu"
L'ancien homme d'affaire a justifié le recours à l'arbitrage en ces termes : "J'ai 65 ans. Cette affaire dure depuis que j'ai 50 ans et le pronostic de mes avocats est qu'elle va durer encore dix ans". "A un moment donné, je dis : halte au feu". Et de jouer les victimes : "Ce qui me choque, c'est qu'il aura suffi que je gagne pour que tout le monde remette en cause le principe d'un arbitrage".
Balayant le soupçon lancinant d'une intervention du pouvoir pour favoriser ce recours, Bernard Tapie a lancé : "A aucun moment, strictement à aucun moment, on ne peut voir la main du pouvoir dans la décision de faire l'arbitrage". En marge des auditions, le président du MoDem, François Bayrou, et le premier secrétaire du PS, François Hollande, mettant en cause directement l'Elysée, ont demandé la réunion d'une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire.
Bref, Tapie a contredit à 100% la version de Jean Peyrelevade, entendu plus tôt. Arrivé à la tête du Lyonnais en novembre 1993, après la vente d'Adidas, et actuellement vice-président du MoDem, ce dernier a fustigé la sentence arbitrale, qualifiée de "mensongère". A ses yeux, la vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais en février 1993 a été "faite dans des conditions extraordinairement favorables" à M. Tapie.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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