Sondages de l'Elysée : Sarkozy visé par une nouvelle plainte
Ce n'est pas la première plainte déposée par Anticor. Mais cette fois, l'association ne devrait pas être bloquée dans ses démarches par le principe d'"inviolabilité" de l'Elysée, Nicolas Sarkozy n'étant plus à la présidence de la République, et n'étant plus, donc, protégé par l'immunité pénale qui revient au chef de l'Etat.
Rappel des faits : en 2009, la Cour des comptes épinglait l'Elysée pour son ivresse sondagière. Il était reproché aux collaborateurs de Nicolas Sarkozy d'avoir passé une convention avec l'institut de conseil et de sondages Publifact -société gérée par l'ancien journaliste à l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute , Patrick Buisson, un intime de Nicolas Sarkozy- sans procéder à un appel d'offres, sans respecter les règles relatives aux marchés publics. Par ailleurs, la Cour des comptes avait évoqué des dépenses exagérées et inutiles, un cabinet d'études ayant facturé à la Présidence des sondages déjà publiés dans la presse, et donc déjà payés...
En février dernier, le militant écologiste grenoblois Raymond Avrillier a obtenu d'un tribunal administratif que l'Elysée lui fournisse les contrats de conseil et de sondages passés par la présidence entre 2007 et 2012. Lorsque l'avocat d'Anticor lit les documents, il n'en revient pas : non seulement les enquêtes d'opinion grassement payées ont continué après l'avertissement de la Cour des comptes, mais, en plus, le contenu des sondages laisse penser qu'ils ont été réalisés dans un intérêt privé ou partisan.
Des sondages sur DSK
Entre 2010 et 2012, certaines enquêtes d'opinion commandées par l'Elysée semblent relever de la campagne électorale et pas des missions de la présidence. Comme ce sondage de février 2011 par exemple, au lendemain d'une interview de Dominique Strauss-Kahn au 20 heures de TF1 : "Diriez-vous que DSK a été convaincant ?" , "Diriez-vous que DSK qui n'est plus en France depuis de nombreuses années, peut construire un projet pour la France ?" , "DSK vous a-t-il paru être candidat à l'élection présidentielle ?"
Pour Jérôme Karsenti, l'avocat de l'association Anticor, ces sondages auraient dû être financés par l'UMP et non par la Présidence. Pour ce fervent défenseur de la lutte anti-corruption, le détournement de fonds publics ne fait aucun doute.
Qui se cache derrière Publiopinion ?
L'avocat a passé au crible les différents contrats passés avec les instituts de conseils Après la mise en garde de la Cour des comptes en 2009, l'Elysée n'a plus favorisé la société de Patrick Buisson, Publifact. Mais Anticor s'interroge sur une convention passée avec une nouvelle société, Publiopinion, dirigée par un certain... Georges Buisson. Il serait le fils de Patrick Buisson.
Selon nos informations, cette société a été créée seulement quelques semaines avant la signature d'un contrat avec l'Elysée. Publiopinion a touché 297.804 euros de la part de la Présidence, pour des études dont la trace n'a pas été retrouvée par Anticor et le Grenoblois Raymond Avrillier. En fait, les deux sociétés auraient commandé des sondages à Opinionway avant de les refacturer à l'Elysée.
Dans sa plainte pour favoritisme et détournement de fonds publics, Me Jérôme Karsenti s'interroge : "Soit la Présidence n'a jamais eu la preuve des prestations effectuées et elle doit s'expliquer sur les causes de paiement de ces factures en violation des règles de la comptabilité publique; soit la Présidence ne souhaite pas communiquer ces documents afin d'éviter au citoyen et à la justice d'analyser plus précisément les relations qu'elle entretenait avec les sociétés Publifact et Publiopinion" .
Encore une fois, ce sont les relations personnelles et amicales entre Patrick Buisson et Nicolas Sarkozy qui semblent au coeur de ces contrats présumés litigieux.
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