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Sommet France-Océanie : l'absence de Nicolas Sarkozy froisse les Etats du Pacifique

Alors qu’il devait initialement être présidé par le Chef de l’Etat français, le troisième sommet France-Océanie, qui se tient en ce moment à Nouméa, doit finalement faire sans Nicolas Sarkozy, dont la venue a été annulée pour des questions d’agenda. Le Premier ministre François Fillon, dont la présence avait été évoquée un moment, est absent lui aussi. C’est finalement le ministre des Affaires étrangères et européenne, Bernard Kouchner, qui a fait le déplacement en Nouvelle-Calédonie, accompagné de la secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard. Mais sur place, le couac diplomatique est palpable…
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"Ce sommet confirme l'importance que la France attache à ses relations avec les Etats du Pacifique", a rappelé à la presse le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux. Et d’affirmer que "le ministre sera à cette conférence avec l'ambition de renforcer notre partenariat avec la région pacifique, d'apporter des réponses communes à des défis communs, d'identifier et de mettre en œuvre des projets de coopération qui permettent de répondre aux besoins des populations du Pacifique".

PROVOCATION

Cependant, les élus calédoniens et de nombreux gouvernements du Pacifique regrettent, certains amèrement, l'absence des plus hautes autorités françaises. Pour certains, elle est vécue comme un désintérêt manifeste de la France pour la région, voire comme une provocation. C’est "dommage pour la Nouvelle-Calédonie et pour la France en Océanie", estime le président du gouvernement calédonien Philippe Gomes. Mais les critiques les plus acerbes viennent de l'Union Calédonienne, composante du FLNKS, qui accuse Paris "de se servir de la Nouvelle-Calédonie comme faire-valoir de sa politique dans le Pacifique". "Ce sommet est une provocation. Dans le cadre de la décolonisation en cours en Nouvelle-Calédonie, la compétence des Affaires étrangères est destinée à être transférée au pays, mais la France se comporte comme si elle allait toujours l'assumer", a lancé le chef du groupe UC-FLNKS au Congrès de l'archipel, Roch Wamytan, qui prédit un "un flop" pour ce sommet.
_ ( Voir rappel sur le statut de la Nouvelle Calédonie en fin d’article )

VOULU PAR CHIRAC ET BOUDÉ PAR SARKOZY

Et si l’absence de Nicolas Sarkozy est aussi mal vécue, c’est aussi parce que jusqu’ici le président français a toujours été présent au rendez-vous. Et pour cause. Le Sommet France-Océanie est en effet une initiative de l'ex-président Jacques Chirac, qui souhaitait consacrer le réchauffement des relations avec le Pacifique, depuis la fin des essais nucléaires en 1996. Le premier sommet France-Océanie s'était tenu en 2003 en Polynésie Française, le second en juin 2006 à l'Elysée, et à chaque fois en présence du chef de l’Etat français.

LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT AU PROGRAMME

Le troisième sommet France-Océanie se tient en ce moment à Nouméa en présence de la plupart des Etats du Forum des îles du Pacifique, dont Australie et Nouvelle-Zélande. Il est consacré aux thèmes de la défense et de la sécurité, de l'aide au développement et de la protection de l'environnement. L’occasion notamment pour l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) d’interpeller le gouvernement français, et en l'occurrence M. Kouchner, sur l’urgence à "mettre en place un plan" pour protéger la population de Nouvelle-Calédonie face aux risques liés à l'exposition à l'amiante.

  • RAPPEL SUR LE STATUT DE LA NOUVELLE CALÉDONIE : La Nouvelle-Calédonie est régie par le statut de l'accord de Nouméa (1998), qui octroie de larges pouvoirs aux autorités locales et prévoit d'importants transferts de compétences de l'Etat au territoire. Le processus de Nouméa fixe un cadre pour l'évolution institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie sur vingt ans et prévoit un référendum sur l'indépendance entre 2014 et 2018.

    Cécile Mimaut, avec agences

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