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Soirée féministe : quatre candidats de gauche applaudis... malgré l'ombre de l'affaire DSK

Un collectif féministe a passé mardi sur le gril quatre candidats de gauche à l'Elysée pour mesurer leur engagement sur l'égalité des droits. Le nom de Nicolas Sarkozy a été copieusement hué, François Hollande quelque peu chahuté... et DSK évoqué.
Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande (AFP)

Un collectif féministe a passé mardi sur le gril quatre candidats de gauche à l'Elysée pour mesurer leur engagement sur l'égalité des droits. Le nom de Nicolas Sarkozy a été copieusement hué, François Hollande quelque peu chahuté... et DSK évoqué.

A La Cigale, salle de concert parisienne du XVIIIe arrondisssement, "Féministes en mouvement", collectif de 45 associations, interpellait mardi 7 mars, veille de la journée des droits des femmes, quatre candidats de gauche à l'Elysée.

Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, François Hollande et Philippe Poutou avaient accepté l'invitation, contrairement à Nicolas Sarkozy et François Bayrou.

Le nom de Sarkozy hué

Mais avant de les recevoir, les intervenantes ont copieusement fait siffler le nom de Nicolas Sarkozy, son bilan inconsistant sur la parité, sa réforme hospitalière qui a entraîné "la fermeture de dizaines de centres d'IVG" et sa réforme des retraites qui a creusé davantage encore l'écart entre les pensions des hommes et des femmes.

Message sans fard au chef de l'Etat : l'égalité hommes-femmes ne peut que soufffrir d'une politique ou l'on attaque " les libertés, les services publics et le vivre ensemble"

"Pourquoi interpeller les candidats ?" a lancé Martine Stolti, qui se réclame du "féminisme canal historique"... Parce qu' "on ne peut pas se débarrasser de la question de l'égalité et de la liberté avec deux ou trois mesures comme un os à ronger". "On demande que l'ensemble des politiques soit regardé sous un angle hommes/femmes."

Mélenchon : "Le droit des femmes, c'est une question de classe"

Premier à passer sous les fourches caudines du collectif féministe , un Jean-Luc Mélenchon très applaudi. "Si on ne parle pas des droits des femmes, a déclaré le candidat du Front de gauche à l'Elysée, c'est parce que c'est une question de classe. 80% des pauvres sont des femmes, 80% des smicards sont des femmes".

D'accord pour rétablir "les cent centres IVG supprimés sur le territoire" par le gouvernement actuel, il a rappelé que l'offensive contre le droit à l'avortement était une "offensive mondiale". Il a mis en garde contre "une droite en voie d'extreme-droitisation", après avoir fait huer "l'IVG de confort" volontiers évoquée par le Front national.

Les meilleures solutions pour réduire les inégalités sociales et le précariat qui touchent en priorité les femmes? Les siennes : hausse du Smic à 1700 euros, rétablissement de la retraite à 60 ans, alignement des pensions sur le Smic. Le meilleur bulletin de vote ? Celui qui porte son nom. Conclusion logique : "rendez-vous à l'Elysée!"

Jean-Luc Mélenchon (AFP/)

Eva Joly pour un "ministère de l'égalité" hommes-femmes

Seconde candidate sur scène : Eva Joly (EELV), qui proclama d'emblée ne pas vouloir d'un ministère des droits de femmes , mais d'un ministère de "l'égalité hommes-femmes" (applaudissements).

Ses propositions pour développer la parité en politique ?"Que les listes de candidats qui ne font pas l'égalité hommes/femmes soient invalidées". Quant aux entreprises ne respectant pas l'égalité salariale, elles "seraient privées de toute aide publique".

La salle a moins bien perçu, malgré ses tentatives d'explication, son refus de "criminaliser" les clients des prostituées.

Eva Joly (AFP/ Bertrand Guay)

Hollande, seul candidat qui a vu son intervention perturbée

Le plus attendu, François Hollande, arriva en retard puisqu'il venait d'être invité au 20h de France 2

Son intervention a été plusieurs fois interrompue par un chahut organisé et une dispersion de tracts aux cris de de "DSK partout, justice nulle part".

Néanmoins flegmatique, le candidat du PS à l'Elysée resta prudent, refusant de s'engager sur les 500.000 places en crèche demandées.

Il promit la renégociation de la réforme des retraites, qui pénalise fortement les femmes, et fut ovationné quand il lança en conclusion : "je veux saluer ces femmes étrangères qui se dévouent pour l'intégration de leurs enfants !".

Il termina par un baiser à l'emblématique ministre des droits des femmes de François Mitterrand, Yvette Roudy, qui lança sur scène un "on ne parle pas assez du sexisme dans les rues, dans les banlieues", peu apprécié d'une partie de la salle.

Poutou : "le voyou le plus connu, ça reste DSK"

Alors que la salle commençait à se vider, une fois parti le favori des sondages, le candidat du NPA Philippe Poutou conclut le bal des prétendants à l'Elysée,

Le féminisme, pour lui ? "Ca suppose que la parole d'en bas, des réseaux militants, soit prise en compte. "

"Combattre la précarité ?" "Ca veut dire réduire le temps de travail et interdire les CDD" . Et de raconter son expérience chez Ford : "les filles à l'usine elles ne font que le travail à la chaîne, le plus bas et le plus dur. Elles sont cantonnées dans ce boulot-là".

Prié de dire un dernier mot, il revint sur la phrase d'Yvette Roudy sur "le sexisme des banlieues" pour porter l'estocade : "le voyou le plus connu ça reste quelqu'un qui aurait pu être président. Dominique Strauss-Kahn". Dont l'ombre plana sur cette soirée festive et résolument à gauche.

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