Vidéo L'écrivaine et cinéaste Marceline Loridan-Ivans, qui aimait "manger du hareng et boire de la vodka" avec son amie Simone Veil, est morte
Meurtrie à jamais par sa déportation à Auschwitz-Birkenau, l'écrivaine et cinéaste Marceline Loridan-Ivens est morte mardi à l'âge de 90 ans. C'est dans l'enfer des camps qu'elle s'était liée d'amitié avec Simone Veil. Mardi 26 juin, elle s'était confiée à France 3.
"Nous étions dans le même convoi en route pour Birkenau. J'avais 15 ans, elle en avait 16. On s'est retrouvées dans le même bloc. Le matricule gravé sur mon avant-bras est 78750, le sien était 78651", avait-elle confié à l'AFP en juin 2017, après la mort de sa camarade de déportation, Simone Veil. L'écrivaine et cinéaste Marceline Loridan-Ivens est morte mardi à l'âge de 90 ans, au terme d'une vie passée à dénoncer l'injustice et la violence. Le 26 juin 2018, quelques jours avant la cérémonie d'entrée au Panthéon des époux Veil, elle s'était confiée à France 3.
Un destin en commun, une force de caractère identique : avec elle, Simone Veil a tout partagé. Notre grand témoin est Marceline Loridan-Ivens. "Je suis très fière parce que je suis une fille de Birkenau, elle est aussi une fille de Birkenau, ça nous rend toutes fières, les filles de Birkenau, confie-t-elle à propos de la panthéonisation de son ancienne meilleure amie. Moi je rentrerais bien avec elle dans un petit coin, mais bon, il ne faut pas charrier quand même, on ne peut pas rentrer à 36 là-dedans", plaisante-t-elle.
"Il n'y a pas d'exploit là-bas"
Auschwitz-Birkenau, c'est là qu'elles se sont rencontrées en 1944. Elles sont alors adolescentes. "On va se reconnaitre comme rebelles, puisque quand je lui propose de se cacher avec moi, elle accepte, elle n'a pas peur, elle ne dit pas 'oh non non non, c'est dangereux'. Bien sûr que c'est dangereux". Simone Veil disait : "Là-bas, je n'ai jamais pleuré", ce à quoi Marceline répond, le plus naturellement du monde, "Oh bah non, moi non plus". Avant d'ajouter : "Mais en même temps, ça ne veut rien dire. C'est parce qu'on s'était endurcis, c'est tout. Ce n'est pas un exploit. Il n'y a pas d'exploit là-bas." Elles ont survécu. De retour de déportation, elles se perdent de vue. Elles ne se retrouveront qu'au début des années soixante, dans la rue. "Là, je l'ai revue, et je n'ai jamais cessé de la voir."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.