Service minimum : Sarkozy bouscule la loi et "franchit la ligne rouge" pour les syndicats
Dans quelques années, lorsque intellectuels et politologues se pencheront sur le système et les méthodes de Nicolas Sarkozy, il risquent d'être surpris pas un certain mimétisme.
_ Prenez un sujet (au hasard) : la mobilisation des fonctionnaires d'hier. Sensible à une partie hostile de l'opinion, le président de la République impose son avis, et son idée quant au sujet. Ce sera "avant l'été" sous la forme d'un "projet de loi" pour que les enfants aient "droit à un accueil". Entendez lors des journées de grève des instituteurs.
Voilà tous les ingrédients pour un nouveau micmac politico-social avant de partir en week-end. Un sujet d'actualité devient projet de loi, la majorité approuve tout en étant déstabilisée, l'opposition et les syndicats sont piqués au vif. Et les réactions fleurissent tout au long de la soirée d'hier et de ce matin, au terme d'une "journée d'action" plutôt bien suivie.
_ Hier, entre 46,16% (ministère) et 63% (syndicats) des professeurs des
écoles et entre 33,55% et 55% des enseignants de collèges et lycées ont débrayé pour protester contre les milliers de suppressions de postes et contre les nouveaux programmes du primaire.
Les syndicats vent debout
Le projet de loi en question prévoira qu'en "cas de grève, les professeurs grévistes se feront connaître 48 heures à l'avance" et que les communes devront "proposer des solutions d'accueil" selon le chef de l'Etat. C'était hier la deuxième expérience "grandeur nature" du SMA (service minimum d'accueil), appliqué par 2.837 communes sur 22.500. Il s'agit de rémunérer des agents municipaux pour garder les enfants grâce aux retenues sur salaires des grévistes.
Tactiquement, la démarche frise la perfection. Substituer un sujet d'actualité à un autre, éclipser la contestation dans l'enseignement avant la prochaine grève du 22 mai et chercher à gagner le soutien de l'opinion. Sans surprise, les syndicats sont montés au créneau. "Ligne rouge franchie" pour Gérard Aschieri (FSU), "mesures autoritaires" pour Gilles Moindrot (SNUipp-FSU).
_ Enfin, certains députés UMP risquent de grincer des dents en accueillant cette nouvelle loi à voter "obligatoirement" avant l'été.
Matteu Maestracci
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