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Retrait de Borloo : pas forcément une bonne nouvelle pour Sarkozy

Les ténors de l’UMP se réjouissent aujourd'hui de la décision de Jean-Louis Borloo, estimant que cet abandon éclaircit l’horizon de Nicolas Sarkozy au premier tour de l'élection présidentielle. _ Reste que les choses sont peut-être plus compliquées. Le retrait du leader centriste n’est pas forcément un cadeau pour le chef de l’état.
Article rédigé par franceinfo
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L'Elysée et l'UMP ne cachent pas leur soulagement aujourd’hui et louent ostensiblement l'esprit de responsabilité de l'ancien ministre. La majorité pense que le retrait de Jean-Louis Borloo évite tout risque de "21 avril à l’envers". C’est à dire Nicolas Sarkozy éliminé dés le premier tour de l’élection présidentielle, avec un (ou une) socialiste en tête, Marine Le Pen en 2eme position et le président sortant (3eme), dont une partie des voix aurait été "siphonnée" par un candidat centriste comme Jean-Louis Borloo.

Pas si simple

Elargir au maximum son assise au premier tour n’est pas forcement le bon calcul.
_ C’est la théorie défendue ce matin sur France Info par Gaël Slimane, directeur du pôle Opinion de BVA. Pour lui, "Borloo était celui qui en terme de potentiel avait le plus de capacité à ramasser les 20% de voix qui vont sur le centre dans tous les sondages depuis 3 ans". Pour lui, "Nicolas Sarkozy a un problème majeur et constant de second tour et de report de voix et, pour le moment, il n’avait pas trop de problème de premier tour". Il est actuellement devant Marine Le Pen avec 6 à 7 points de distance.

L’électorat centre-droit ne vote pas Sarkozy au premier tour

Gaël Slimane révèle qu’un test BVA a été fait au printemps dernier.
Sur 14 points d'intentions de vote à redistribuer en cas d'absence au premier tour de Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin, Nicolas Dupont-Aignan et Hervé Morin (en ne laissant en lice que François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen), Nicolas Sarkozy ne récupèrerait qu'un seul point. Et Gaël Slimane d’ajouter : "il y a aujourd’hui en France parmi l’électorat de centre-droit des gens qui ne veulent pas voter pour Nicolas Sarkozy au moins au premier tour de l’élection présidentielle".
D’où sa théorie : si Borloo avait été présent au premier tour, il aurait pu amener ses voix à Sarkozy au second. A gauche, le socialiste Pierre Moscovici pense aussi que "les électeurs du centre, ceux qui rejettent cette droite sarkozyste arrogante et injuste, ne vont pas se reporter sur Nicolas Sarkozy". A droite, l’UMP Jean-Pierre Raffarin est sur la même analyse que Gaël Slimane ce matin dans un de ses "tweet" : "Des soucis de premier tour et des réserves de second en moins".

De l'air pour François Bayrou

En tout cas, la disparition de Jean-Louis Borloo des écrans radars de 2012 ramène les projecteurs sur François Bayrou en mal de lumière ces dernières semaines. Le président du MoDem est actuellement à 7 points dans les sondages. S’il capte une bonne partie des intentions de vote qui se portaient sur Borloo (6 à 7%) , il peut espérer faire grossir sensiblement son "capital voix", et devenir ainsi le troisième homme de 2012.

Gérald Roux

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