Sept choses à retenir sur la réserve parlementaire 2011
Francetv info a épluché une partie des données publiées par Hervé Lebreton. Voici ce qu'il faut en retenir.
Neuf cent vingt-cinq députés et sénateurs, 10 374 subventions accordées, 150 millions d'euros dépensés... Les chiffres de la réserve parlementaire distribuée aux collectivités locales pour l'année 2011, publiés mercredi 10 juillet par Hervé Lebreton, donnent le tournis.
Pour vous aider à y voir plus clair dans cette enveloppe opaque et discrétionnaire, francetv info a épluché ces données et sélectionné sept choses à en retenir.
1La réserve ministérielle a financé les barons de l'UMP
C'est une cagnotte VIP. En plus de la réserve parlementaire, le ministère de l'Intérieur dispose d'une enveloppe propre, appellée réserve ministérielle, dont le montant était de 32,64 millions d'euros en 2011.
Comme l'a révélé Mediapart (article payant), ce sont les fiefs des grands barons de l'UMP qui en ont principalement bénéficié : la circonscription de François Fillon (1,8 million d'euros) dans la Sarthe, celle de François Baroin (1,8 million d'euros) dans l'Aube, celle de Jean-François Copé en Seine-et-Marne (1 million d'euros) ou encore celle d'Eric Woerth (1,4 million d'euros) dans l'Oise.
2Les notables de l'Assemblée se taillent la part du lion
En moyenne, les 724 parlementaires qui ont bénéficié de la réserve parlementaire en leur nom propre ont distribué une enveloppe de 167 000 euros. Mais ce chiffre cache d'énormes disparités. Les hauts responsables des deux assemblées se taillent la part du lion.
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a par exemple distribué près de 12 millions d'euros, quand Gilles Carrez (UMP), rapporteur du Budget, a octroyé 3,8 millions d'euros. Le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP), complète le podium avec 3,1 millions d'euros. On trouve également Jérôme Cahuzac (PS), président de la commission des Finances de l'Assemblée, dans le top 10 avec 1,2 million d'euros.
>> Voici le classement complet des 724 parlementaires qui ont distribué des subventions aux collectivités locales pour l'année 2011.
Le classement de la réserve parlementaire 2011
3Carrez a financé sa propre commune
Pour Hervé Lebreton, le député Gilles Carrez est le cas "le plus caricatural" de cette liste. En effet, le député UMP du Val-de-Marne a distribué la quasi totalité de sa coquette réserve parlementaire, 3,8 millions d'euros, au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), commune dont le maire est un certain... Gilles Carrez.
Il n'est pas le seul à avoir privilégié sa commune. Jean-François Copé n'a versé qu'une seule subvention, de 200 000 euros, à sa commune de Meaux (Seine-et-Marne). Jérôme Cahuzac a accordé plus d'un million d'euros à sa ville de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Autre exemple, la ville de Compiègne (Oise) a reçu 1,2 million d'euros de la part de son maire, le sénateur UMP Philippe Marini.
4Fabius a subventionné le village de ses vacances
D'autres, comme Laurent Fabius ou Xavier Bertrand, n'ont pas toujours privilégié leur fief électoral. Député de Seine-Maritime en 2011, l'actuel ministre des Affaires étrangères a versé 50 000 euros à Carla-Bayle (Ariège), village où il possède une résidence secondaire. Le second, député de l'Aisne, a versé 5 100 euros au village de ses vacances, Aregno (Haute-Corse).
5Larcher a utilisé son enveloppe à des fins électoralistes
La réserve parlementaire des sénateurs est encore plus problématique. En effet, elle permet à ces derniers de financer directement leurs électeurs puisque les maires font partie du collège électoral du Sénat. Président de la haute assemblée en 2011, Gérard Larcher ne s'y est pas trompé. Comme l'a révélé Mediapart (article payant), il a versé 83% des 3,1 millions de sa réserve à des communes dont les maires votaient cette année-là pour les élections sénatoriales.
6Les Eglises bien dotées
Parmi les lieux de cultes, on trouve 893 églises et 77 chapelles, pour zéro mosquée, salle de prière ou synagogue. Cette différence s'explique par la loi de 1905, qui a donné un droit de propriété à l'Etat et aux collectivités locales sur les édifices cultuels qui leur appartenaient à cette date. Les autres cultes se sont eux constitués en associations cultuelles et ont la charge d'assurer la réparation de leurs locaux.
7Défibrillateurs, tondeuses et statue d'Henri IV
Si beaucoup de subventions concernent des "aménagements", des "réfections" ou des "constructions", comme le montre ce nuage de mots réalisé à partir du document, l'inventaire de la réserve parlementaire est parfois plus exotique. On retrouve ainsi 123 défibrillateurs, essentiellement financés par Sylvie Goy-Chavent, sénatrice de centre-droit de l'Ain (50 appareils), et Alex Türk, sénateur divers droite du Nord (41 appareils). De nombreux parlementaires, comme François Hollande ou Serge Dassault, ont permis à des communes d'acquérir des tondeuses. Mais c'est l'actuelle ministre des Sports, Valérie Fourneyron, qui peut prétendre au prix de la subvention la plus originale : elle a financé l'installation à Rouen (Seine-Maritime) d'une statue d'Henri IV.
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