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Reportage Vie démocratique : en Isère, une proposition de loi rédigée par des citoyens et déposée au Sénat

À l'image des conventions citoyennes, un sénateur écologiste isérois a réuni une vingtaine de citoyens volontaires pour élaborer une loi et la déposer au parlement.
Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Le sénateur écologiste Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat (Photo d'illustration). (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Le sénateur écologiste Guillaume Gontard a eu l'idée, sur le modèle de la convention citoyenne pour le climat, de faire participer - à une moindre échelle - des habitants de sa circonscription iséroise à l'écriture d'un texte de loi. Une vingtaine d'entre eux, des volontaires, sont parvenus avec l'aide de son équipe à rédiger en un an une proposition de loi visant à "créer un nouveau souffle démocratique" qui vient d'être déposée au Sénat.

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L'objectif, en toile de fond, de ce "collège citoyen" est de rapprocher les gens de la politique. Car pour ces citoyens, la politique c'était à la télé, et la fabrique de la loi c'était en cours d'éducation civique, pas plus. "On ne peut pas dire que je n'y connaissais rien, développe Philippe, un retraité qui vit dans la montagne de Belledonne, mais j'en avais une vue assez lointaine : que le parlement, c'est deux trucs, c'est deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale. Après, ah oui, il y a des navettes quand il y a une loi, mais c'est tout."

"C'est en mettant les doigts dans le cambouis que les choses viennent."

Philippe, retraité

à franceinfo

Car en se retrouvant deux fois par mois pendant plus d'un an pour écrire ensemble un texte de loi. La vingtaine d'Isérois se sont peu à peu familiarisés avec le fonctionnement des institutions et peu à peu réconciliés avec les politiques en côtoyant le sénateur Guillaume Gontard. "Je ne suis pas un désillusionné de la politique, mais je n'ai pas forcément confiance en nos élus, lance Simon, 32 ans, garde forestier. Toutes les casseroles faites par nos élus ont fait, c'est bête, mais j'ai du mal à croire à des élus qui fraudent fiscalement ou des choses comme ça, et qui ne sont pas transparents. Du coup, ça met une distance mais en fait, ça fait du bien de voir qu'elle n'est finalement pas si grande distance que cela."

"Justement, ça rend accessible, un petit peu, le fossé qu'il pourrait y avoir. Et ça, ça fait du bien."

Simon, garde forestier

à franceinfo

Mais comment convaincre tous les autres, ceux qui, contrairement à Philippe et Simon, ne sont ni politisés, dans le sens noble du terme, ni engagés dans une association ?  Pour Lucinda, une autre participante, une scientifique de 55 ans, c'est désormais à eux de faire le lien et d'aller chercher les plus éloignés de la politique en créant des initiatives. "On avait organisé une espèce de matinée dédiée aux questions du logement où les citoyens étaient invités, raconte-t-elle. Il y a plein de gens qui sont venus avec leur petite problématique. Et donc nous, on peut être organisateurs, on peut être mobilisateurs, etc, sur nos terrains à nous."

Une fois que le lien est là, il ne faut pas décevoir explique Guillaume Gontard, le sénateur écologiste à l'initiative de ce collège citoyen qui permet d'après lui de faire adhérer à la loi : "Si ça s'adresse à tout le monde, il faut vraiment qu'on arrive à discuter avec tout le monde, et faire en sorte que cette loi soit justement le fruit d'un travail le plus collectif possible. Ce n'est pas facile, c'est long. Je suis persuadé que, en tout cas, ces propositions seront beaucoup plus acceptées parce qu'il y a ce travail qui a été réalisé." Lui veut reproduire l'exercice sur de prochains textes mais plaide pour que les volontaires puissent être rémunérés pour avoir le temps d'y travailler.

Quand des citoyens isérois se mettent à écrire une loi - Reportage de Victoria Koussa

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