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Remaniement : législatives, retraites, pouvoir d'achat... Les chantiers d'Elisabeth Borne à Matignon

Après la formation de son gouvernement, la Première ministre devra mener la bataille des élections législatives en tant que cheffe de la majorité. Elle aura aussi pour mission de lancer la planification écologique et les concertations promises par Emmanuel Macron.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Elisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, lors de sa nomination, à Matignon, le 16 mai 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après deux Premiers ministres de droite, Emmanuel Macron a choisi, pour entamer son deuxième mandat, un profil marqué à gauche. Initialement du Parti socialiste, Elisabeth Borne a fait ses armes dans des cabinets de gauche. Aux débuts des années 90, elle travaille aux côtés de Lionel Jospin puis de Jack Lang au ministère de l'Education nationale. Elle fait à nouveau partie de l'équipe de Lionel Jospin lorsqu'il est nommé à Matignon en 1997. Elisabeth Borne a ensuite été directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie entre 2014 et 2015. Diplomée de l'Ecole polytechnique, cette haute fonctionnaire se définit elle même comme une femme de gauche.

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Parisienne de naissance, Elisabeth Borne a été préfète de l'ex région Poitou-Charente et de la Vienne en 2013. Mais elle est aussi passée par le privé au début des années 2000 : la SNCF, Eiffage, la RATP dont elle a été présidente.

Ministre pendant tout le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, elle s'est vu confier les portefeuilles des Transports, de la Transition écologique, et du Travail. Ses partisans soulignent qu'elle a mené les deux réformes les plus difficiles du mandat : celle de la SNCF et de l'assurance chômage. Un profil de "super techno", bourreau de travail, loyale. Elisabeth Borne est connue davantage pour sa ténacité voire sa dureté plutôt que pour sa chaleur ou son empathie. Ses détracteurs lui ont trouvé un surnom : "Borne out".

Déterminée à réformer, coûte que coûte

Quelles sont désormais ses priorités ? Former un gouvernement bien sûr, même si Emmanuel Macron est à la manoeuvre. La nouvelle Première ministre va devoir mener la bataille des législatives en tant que cheffe de la majorité, même si Emmanuel Macron est là aussi le vrai patron. Une bataille électorale dans laquelle elle s'est lancée pour défendre les couleurs de la majorité. Elisabeth Borne est candidate LREM dans le Calvados.

La nouvelle locataire de Matignon aura aussi pour mission d'incarner la nouvelle méthode promise par le président, en multipliant les concertations. La réforme des retraites et celle des institutions feront notamment l'objet de concertations avec les partenaires sociaux. Elisabeth Borne aura aussi la délicate charge de lancer les grands chantiers du quinquennat. Le dossier explosif de la retraite à 65 ans, les mesures d'urgence pour le pouvoir d'achat, la planification écologique qui sera directement rattachée à Matignon.

Elisabeth Borne vient de la gauche mais se dit déterminée à réformer, quitte à bousculer. Elle le confie en petit comité : "Travailler plus longtemps ? Une évidence. Mettre plus de français au travail pour continuer à faire baisser le chômage, une nécessité" Tout comme une réforme de l'UNEDIC et du rôle des partenaires sociaux.

Autre dossier moins controversé mais très attendu, la Première ministre devra annoncer le calendrier précis des mesures sur le pouvoir d'achat. Emmanuel Macron a en effet promis durant la campagne une grande réforme ciblant les ménages les plus modestes. L'ancienne ministre du Travail devra aussi préciser les modalités de la nouvelle aide ciblée sur les véhicules "gros rouleurs".

Former un gouvernement équilibré 

Avant de lancer ces différents chantiers, la nouvelle cheffe du gouvernement va devoir former sa nouvelle équipe pour le conseil des ministres de cette semaine. Pas forcément mercredi, peut être jeudi ou vendredi. Un délai permettant à la Haute autorité de contrôle de la vie publique d'analyser la situation des nouveaux ministres, pénale et fiscale, ainsi que les risques de conflits d'intérêts. Il faut aussi définir les périmètres ministériels, avec de grands pôles pour un gouvernement resserré. C'est la volonté affichée en tout cas. Une quinzaine de ministres, des poids-lourds "pour incarner les grands chantiers du quinquennat", dit-on à Matignon : retraites, écologie, santé, éducation.

Il faut également trouver une place aux sortants. Les ministres de poids justement : Gérald Darmanin, Bruno Le Maire. Ceux qui ont fait leur preuves : Amélie de Montchallin, Clément Beaune, Gabriel Attal, Agnès Pannier-Runacher. Apporter du sang neuf, une dose de société civile, respecter la parité, les équilibres politique et géographiques… Une recette complexe. "Les places vont être chères", prévient un conseiller. "Ça peut prendre du temps", anticipe déjà un dirigeant de la majorité.

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