Cet article date de plus de treize ans.

Remaniement ministériel : les évènements s'accélèrent

En début de matinée encore, Michèle Alliot-Marie démentait les rumeurs de son éviction du gouvernement. Les évènements semblent pourtant se précipiter et le départ de la ministre des Affaires étrangères semble inéluctable. Dimanche ou lundi, selon deux ministres qui se sont confiés à l'AFP sous couvert d'anonymat. Michèle Alliot-Marie paierait ainsi la polémique sur ses vacances en Tunisie aux frais de Ben Ali, fin décembre, alors que le peuple tunisien se soulevait. Mais également le vent de fronde qui souffle au sein de la diplomatie française, par règlement de comptes interposés dans les colonnes des grands quotidiens.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

Actualisé à 17h05 avec confirmation de deux ministres

Les heures de Michèle Alliot-Marie au Quai d'Orsay semblent comptées. Bien qu'elle s'en soit défendu, ce matin encore au micro de France Info, Michèle Alliot-Marie devrait quitter le gouvernement dans les prochains jours : dimanche ou lundi, selon deux ministres, deux poids-lourds du gouvernement, qui se sont confiés à l'AFP, sous couvert d'anonymat.

Dans l'avion qui l'emmenait ce matin en Turquie, Nicolas Sarkozy aurait donc scellé le sort de sa chef de la diplomatie, devenue un fardeau pour l'UMP.
_ Lors de sa conférence de presse à Ankara en milieu d'après-midi, le président Sarkozy a toutefois refusé de répondre à une question sur le départ de Michèle Alliot-Marie.

Selon nos informations, le scénario serait le suivant : MAM remplacée au Quai d'Orsay par Alain Juppé, lui-même remplacé à la Défense par le sénateur Gérard Longuet, lequel avait fait savoir à grand bruit sa déception de ne pas faire partie du remaniement de novembre dernier.
_ Mais Alain Juppé n'aurait pas encore donné son feu vert : le toujours ministre de la Défense poserait en effet comme condition de pouvoir travailler en toute liberté. En clair, sans aucune entrave du "gouvernement bis" de l'Elysée. Bref, de ne pas avoir sur le dos en permanence la cellule diplomatique de l'Elysée, le secrétaire général Claude Guéant et l'ambassadeur Jean-David Lévitte.

Ben Ali, Kadhafi, groupe "Marly"

Hier, Alain Juppé avait affirmé à propos des maladresses de sa collègue qu'il appartenait "aux autorités compétentes de l'Etat d'en tirer les conséquences si elles le souhaitent".
_ Plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle avaient également ajouté leurs voix, ces jours-ci, aux demandes de démission issues de l'opposition depuis plus d'un mois.

Si "aucune action illégale" ne peut être reprochée à la ministre, comme l'a encore rappelé ce matin sur France Info, sa crédibilité au Quai d'Orsay qu'elle dirige depuis mi-novembre, apparaît sérieusement érodée.

Il y a d'abord la polémique autour de ses vacances de fin d'année en Tunisie, en partie aux frais de Ben Ali, alors que le peuple tunisien était en plein soulèvement.
Il y a ensuite l'ambiance délétère au Quai d'Orsay, et les règlements de comptes des diplomates français, qui en décousent par tribunes interposées dans la presse.
Il y a enfin la proximité gênante entre Kadhafi et Patrick Ollier, avec qui la ministre forme un couple, à la ville comme au gouvernement - Patrick Ollier est ministre des Relations avec le Parlement.

Mais il pourrait y avoir davantage de changements : Nicolas Sarkozy réfléchit à un remaniement plus large que le simple départ de MAM, selon plusieurs sources gouvernementales. L'hypothèse d'une nomination de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, à la tête du ministère de l'Intérieur est de nouveau évoquée.

Germain Treille, Gilles Halais

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.