: Vidéo "Des milliards d'économies" grâce à la fusion des régions : comment une réponse improvisée à un journaliste se serait transformée en annonce gouvernementale
"Envoyé spécial" a enquêté dans plusieurs régions qui ont fusionné. Le secrétaire d'Etat chargé de la Réforme avait promis 10 milliards d'euros d'économies. Trois ans après la création des "super-régions", André Vallini livre une confidence étonnante.
La refonte de la carte des régions devait permettre une dizaine de milliards d'euros d'économies, avait promis le secrétaire d’Etat chargé de la Réforme territoriale André Vallini (2014-2016). Trois ans après la création des "super-régions", "Envoyé spécial" l'a retrouvé au palais du Luxembourg. Après avoir quitté le gouvernement, il est redevenu sénateur de l'Isère.
"Envoyé spécial" a enquêté dans plusieurs régions qui ont fusionné et, pour l'instant, on serait bien loin des milliards d'euros d'économies promis. "Sur une dizaine d'années, si on prend l'ensemble des communautés locales, on peut arriver à plusieurs milliards", maintient le sénateur. Et en ce qui concerne précisément la fusion des régions ? André Vallini botte en touche : "Alors là, c'est fini, je ne me risque plus à dire quelque chiffre que ce soit d'économies réalisables... Oui, j'avais pris un risque... il faut prendre des risques en politique !"
"J'en ai bavé, pour assumer ce truc"
A la fin de l'entretien, l'ancien secrétaire d'Etat fait cette confidence à peine croyable : le chiffre des 10 milliards d'euros qu'il avait cité aurait été improvisé. Alors qu'un journaliste du Figaro l'interrogeait sur les économies à attendre de la réforme, André Vallini se serait tourné vers son directeur de cabinet, Serge Morvan. "C'est simple : entre 5% et 10% de 250 milliards – ça fait entre 12 et 15 milliards", lui aurait répondu celui-ci. Un calcul "au doigt mouillé" qui aurait séduit le secrétaire d'Etat.
"C'est sorti comme ça, et moi j'ai dit ça au Figaro, ce n'était pas un coup de com prémédité", plaide A. Vallini. Si lui-même l'a répété ensuite, c'est qu'il était "bien obligé d'assumer. Mais j'en ai bavé, pour assumer ce truc", avoue-t-il. Regrette-t-il d'avoir annoncé 10 milliards d'euros d'économies ? "Non, puisque ça me vaut de passer à la télévision", plaisante-t-il. Contacté, son directeur de cabinet affirme qu'il n'était pas présent le jour de cette interview – même s'il reconnaît avoir chiffré le montant des économies.
Extrait de "Nos très chères régions !", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 28 mars 2019.
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