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Réforme de la DSU : la révolte des maires de banlieue

Le gouvernement envisage de réformer la Dotation de solidarité urbaine (DSU), ce qui défavoriserait de nombreuses communes de banlieue. Après la déception engendrée par le Plan Banlieue de Fadela Amara, les quartiers populaires tirent la sonnette d'alarme. Des associations d'élus rencontrent cet après-midi la ministre de l'Intérieur.
Article rédigé par franceinfo
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Un vent de révolte souffle sur les mairies de banlieue, dont les édiles craignent de perdre une importante source de financement : la Dotation de solidarité urbaine (DSU), que le gouvernement veut réformer. Cette réforme, prévue dans le cadre du budget 2009, priverait en effet quelque 238 communes de cette aide de l'Etat.

Créée en 1991, la DSU vise à réduire les inégalités entre villes riches et pauvres en améliorant les conditions de vie dans les communes urbaines dont les ressources sont insuffisantes par rapport à leurs charges. Elle bénéficie surtout aux grandes villes qui comportent une zone urbaine sensible (ZUS). Sa dotation dépassait en 2008 le milliard d'euros.

La fin du "saupoudrage", pour MAM

En février, Nicolas Sarkozy avait souhaité la réformer au profit des villes les plus en difficulté. Des communes riches comme Aix-les-Bains ou Chantilly en bénéficient en effet, grâce à des critères d'attribution favorables. Hier devant les députés, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a justifié cette réforme par la nécessité d'en finir avec le "saupoudrage". "Lorsque vous avez une dotation qui est attribuée aux trois quarts des villes de plus de 10.000 habitants, il y a un saupoudrage, c'est-à-dire un manque d'efficacité au service de celles qui en ont réellement besoin, et une injustice puisque tout le monde en profite", a-t-elle expliqué.

Une réforme qui aggraverait les inégalités, pour les maires

Pour les maires de banlieues en difficulté, la réforme est inacceptable. "Sous couvert de redistribution, cette réforme prend le risque d'aggraver les inégalités entre communes, et donc entre populations", lance Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et président de l'association Villes et Banlieues. Selon les calculs de l'association, plusieurs communes de banlieues touchées par des problèmes de violence urbaine sont visées par la suppréssion de la manne DSU : Clichy-sous-Bois, Sarcelles, Villiers le Bel, Gonesse, Chanteloup-les-Vignes en région parisienne, ou Vénissieux en région lyonnaise. En outre, les maires craignent que cette réforme ne conduise les communes "soit à réduire leurs investissements ou le niveau de service public, soit à augmenter les impôts : la DSU supprimée représente selon les cas entre 2% et 8% d'impôts supplémentaires", selon l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF).

En mars 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidentielle avait promis de consacrer "beaucoup d'argent aux banlieues". Un véritable "plan Marshall" pour les quartiers. Après le "flop" du Plan Banlieue de Fadela Amara, qui manque cruellement de moyens, et la réforme annoncée de la DSU, la réunion de cet après-midi entre Michèle Alliot-Marie et les associations d'élus s'annonce houleuse.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

 

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