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Quand les socialistes baptisaient "parenthèse" la rigueur décidée en 1983

Le budget 2012 sera "l'un des plus rigoureux depuis 1945", a annoncé le premier ministre François Fillon samedi dernier. Ce plan 2011 va pouvoir être comparé, en partie, avec celui de 1983 décidé par les socialistes, qui évitait de parler de rigueur.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le nouveau gouvernement Mauroy, formé le 23 mars 1983 (AFP)

Le budget 2012 sera "l'un des plus rigoureux depuis 1945", a annoncé le premier ministre François Fillon samedi dernier. Ce plan 2011 va pouvoir être comparé, en partie, avec celui de 1983 décidé par les socialistes, qui évitait de parler de rigueur.

Alors que le gouvernement affirme que son plan ne sera "pas une addition de mesurettes symboliques", il n''est pas inutile de faire un retour sur un plan de rigueur qui n'avait pas dit son nom, celui de 1983. Décidé par François Mitterrand et son premier ministre, Pierre Mauroy, il avait été engagé moins de deux ans après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

Mars 1983, le gouvernement qui regroupe socialistes et communistes, fait face à une impasse budgétaire importante. Cette crise intervient après les nombreuses mesures sociales décidées après l'arrivée de la gauche au pouvoir en mai 1981 (hausse de 25% SMIC, des minima sociaux, nationalisations, semaine de 39 heures, cinquième semaine de congés, abaissement de l'âge de la retraite...).

La conjoncture politique est alors marquée par le recul de la gauche aux municipales et l'arrivée de la droite au pouvoir en Allemagne. La conjoncture économique est marquée par une inflation autour de 8% l'an, une balance commerciale dans le rouge et un déficit budgétaire pour 1982 de 150 milliards de francs (plus de 22 milliards d'euros), ce qui représene environ 2,5% du PIB. Les réserves de change sont proches de zéro et le pays a déjà subi deux dévaluations.

Voir le reportage de Julien Duperray sur France 2 le 7 novembre 2011

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Le PS parle de "parenthèse"

Après avoir envisagé une sortie du SME (système monétaire européen), François Mitterrand choisit la rigueur. Elle s'ajoute aux mesures déjà décidée en 1982 (blocage des salaires dans le public).

Le 24 mars, le plan Delors, du nom du ministre des finances, est adopté en conseil des ministres:
- baisse du déficit budgétaire,
- hausse des taxes sur la vignette auto, l'alcool et le tabac,
- hausse du forfait hospitalier et de l'essence,
- hausse des tarifs EDF, GDF et SNCF,
- emprunt forcé,
- contrôle des changes et instauration d'un carnet de change aux devises limitées à 2000 francs (305 euros) pour chaque touriste français se rendant à l'étranger...

Le budget de l'année suivante voit une stabilisation des effectifs des fonctionnaires et une baisse autoritaire de 10% de tous les programmes d'équipement.

Le Parti socialiste ne veut pas prononcer le mot "rigueur" et parle de "parenthèse". Ces mesures étaient de l'ordre de 2% du PNB, selon Jacques Attali, alors conseiller spécial de François Mitterrand qui écrira plus tard dans "Verbatim", le livre qu'il a consacré aux années Mitterrand : "On reprend ce qu'on avait donné en juin 1981".

Succession de plans de rigueur

Depuis le premier choc prétrolier et la fin des trente Glorieuses, les plans de rigueur se sont succédés.

Outre celui décidé par la gauche en 1983, il y a eu auparavant le plan Barre en 1976 (blocage des prix sur quatre mois, relèvement du tarif de la vignette auto, augmentation des taxes sur le carburant et l'alcool, respectivement de 15% et de 10%, et majoration de l'impôt sur le revenu de 4% à 8%).

Quelques mois après l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée, il y a eu aussi le plan Juppé de 1995 (hausse de 2 % de la TVA, du prix de l'essence, création du Remboursement de la dette sociale - RDS, portant sur 0,5 % des salaires et des revenus non salariaux). Un plan qui portait sur environ 17 milliards de francs, de l'époque, soit 2,6 milliards d'euros.

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