Quand François Léotard liait l'attentat de Karachi à l'arrêt des commissions
Il était ministre de la Défense du gouvernement Balladur lorsqu'a été négocié le contrat de vente de sous-marins Agosta au Pakistan en 1994, sur lequel Jacques Chirac a ordonné l'arrêt du versement de commissions à partir de 1995. François Léotard est intimement persuadé que l'attentat, qui a coûté la vie à 11 Français, en 2002, est lié avec l'arrêt des commissions, décidé sept ans plus tôt par Jacques Chirac.
L'ancien ministre l'a dit aux membres de la commission parlementaire sur l'attentat de Karachi, le 24 novembre 2009. A la question "quels sont selon vous les auteurs de l'attentat ?", l'ancien ministre répond : "soit
c'est Al-Qaïda, mais cela me paraît peu probable, compte tenu de la nature des
explosifs utilisés, soit c'est une vengeance de personnes n'ayant pas touché
leur part de commissions", selon le PV de son audition publié par Mediapart. "Je penche personnellement - mais c'est juste un sentiment - pour la
deuxième hypothèse".
Il contredit ainsi notamment Dominique de Villepin : celui qui était à l'époque secrétaire général de l'Elysée avait affirmé la semaine dernière au juge chargé de l'enquête qu'il n'y avait, selon lui, aucun lien entre l'attentat et l'arrêt des commissions (LIRE NOTRE ARTICLE).
Léotard cite Hervé Morin, qui dément toute implication
François Léotard a par ailleurs précisé que le ministère du Budget, occupé en 1994 par Nicolas Sarkozy, "avait un représentant à chaque réunion" consacrée à ce contrat de vente de sous-marins au Pakistan. Il a également assuré qu'il avait laissé ses collaborateurs s'occuper des négociations autour de ce contrat, citant Renaud Donnedieu de Vabres et Hervé Morin.
Ce dernier dément toute implication : "J'étais conseiller technique chargé des relations avec le Parlement et des affaires domaniales, je n'ai jamais eu aucune relation d'aucune sorte" avec cette affaire, explique-t-il sur France Info. Si François Léotard "réitère ses accusations", celui qui était encore le mois dernier ministre de la Défense portera plainte "dans la seconde".
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