Rentrée du PS : François Hollande a la "perspective d'un retour" car il croit que "les vieux équilibres vont reprendre leurs droits"
Rémi Lefebvre, professeur de Science politique à l'université Lille 1, pense que l'ex-président croit qu'il y a un "espace" à combler entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélanchon. "J'avoue que je suis assez sceptique sur cette hypothèse", a commenté le spécialiste sur franceinfo.
Le Parti socialiste a fait sa rentrée lors d'un séminaire à La Rochelle qui s'est terminé samedi midi. Une rentrée plus modeste que par le passé, avec un grand absent, très remarqué : François Hollande. L'ex-président devait être présent mais il a fini par renoncer, tout en poursuivant sa tournée de dédicaces pour son livre, déjà vendu à plus de 80 000 exemplaires.
François Hollande veut "voir si un retour est possible" car il croit "qu'au fond les vieux équilibres vont reprendre leurs droits", a estimé samedi 25 août sur franceinfo Rémi Lefebvre, professeur de Science politique à l'université Lille 1. Pour lui, l'ancien chef de l'État fait le "calcul" qu'"un espace s'est ouvert entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon". "J'avoue que je suis assez sceptique sur cette hypothèse", a commenté Rémi Lefebvre.
franceinfo : François Hollande est-il en train de reconquérir les Français ?
Rémi Lefebvre : Il est gourmand, François Hollande, c'est sa nature. Il est coquin, il veut défendre son bilan et voir si un retour est possible. En tout cas, il veut exister, dans un premier temps, c'est très clair. Je pense qu'il est très frustré de ne pas avoir mené la bataille de l'élection présidentielle. Il est plus que déçu que le PS ne défende pas plus son bilan, et donc il le fait lui-même. Et puis il ne veut pas insulter l'avenir, des portes peuvent s'ouvrir. C'est vrai que quand on regarde aujourd'hui le Parti socialiste, le leadership est peu affirmé. Olivier Faure, médiatiquement n'a pas réussi à s'imposer depuis le congrès d'Aubervilliers, et il n'y a pas d'autres leaders qui soient présidentiables. Donc effectivement on peut penser que François Hollande ait cette perspective d'un retour, même si l'on sait que les retours d'ex-Premier ministre ou d'ex-président comme Lionel Jospin ou Nicolas Sarkozy n'ont pas été très concluants.
François Hollande peut-il profiter de l'affaiblissement d'Emmanuel Macron, touchés par des affaires, mais aussi par des électeurs de gauche qui lui reprochent une politique trop à droite ?
Oui, c'est un peu le calcul que fait François Hollande et que fait une partie des socialistes, que peut-être François Hollande a le charisme pour incarner cette offre politique. Le calcul c'est qu'aujourd'hui un espace s'est ouvert entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron dont la politique, très clairement libérale, l'a déplacé vers la droite. Et Jean-Luc Mélenchon, en dépit des signes d'ouverture qu'il adresse depuis quelques jours, est pourtant ancré très à gauche. Donc la conviction de François Hollande c'est qu'il y a un espace politique à préempter, qu'une espèce de social-démocratie régénérée pourrait séduire les Français. Et c'est vrai que d'un certain point de vue la politique d'Emmanuel Macron donne au bilan de François Hollande une coloration plus progressiste qu'elle n'avait lors de l'élection présidentielle. Donc la conviction de François Hollande, qui appartient au vieux monde politique, c'est qu'au fond les vieux équilibres vont reprendre leurs droits, que le Parti socialiste a une carte à jouer, et que pourquoi pas lui, ex-président de la République, pour incarner cette famille politique qui pourrait se reconstruire. J'avoue que je suis assez sceptique sur cette hypothèse.
On se rappelle aussi de l'échec de Nicolas Sarkozy. Les retours sont-ils toujours aussi risqués ?
Oui, c'est très difficile de revenir et puis il y a toujours beaucoup d'hostilité au Parti socialiste vis-à-vis de François Hollande. Très clairement la gauche du Parti socialiste, qui est sur le point de quitter le parti, utilise cet épouvantail qu'est François Hollande pour être tentée par l'hypothèse Mélenchon. Donc ce retour de François Hollande fragilise encore plus le Parti socialiste parce qu'il rend l'exercice de synthèse que tente de faire Olivier Faure très difficile.
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