Recherche d'un nouveau gouvernement : comment le nom du futur Premier ministre ravive les tensions au sein du Parti socialiste

Les courants minoritaires du PS souhaitent que le parti poursuive les discussions à l'Elysée et se montre "constructif" vis-à-vis d'Emmanuel Macron. Une stratégie rejetée par Olivier Faure, le patron des socialistes.
Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel - Alexandre Peyrout
France Télévisions
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Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, le 30 août 2024 à Blois (Loir-et-Cher). (MAGALI COHEN / AFP)

Ce n'est pas encore la guerre des roses, mais on en observe peut-être les prémices. Les socialistes ont affiché leurs divisions, du jeudi 29 au samedi 31 août, durant les trois jours des journées d'été de leur parti à Blois (Loir-et-Cher). Le sujet de la discorde est le même depuis des semaines : le soutien des socialistes au futur Premier ministre, dont Emmanuel Macron n'a toujours pas dévoilé le nom, près de deux mois après les élections législatives. 

Le parti à la rose semble toujours traversé par des divergences de stratégies. D'un côté, le premier secrétaire Olivier Faure ne déroge pas de sa ligne et refuse toujours de retourner discuter à l'Elysée, après que le chef de l'Etat a écarté Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon. De l'autre, les deux motions minoritaires veulent se montrer "constructives", alors que l'hypothèse d'une nomination de l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve revient avec insistance.

"La vocation des socialistes, c'est de gouverner"

Très présent dans la presse ces derniers jours, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a estimé vendredi auprès de l'AFP que les opposants de la ligne d'Olivier Faure sont "majoritaires auprès des militants", mais pas dans les instances du parti. L'élu défendait une stratégie "ni Mélenchon, ni Macron" auprès de franceinfo mardi, pointant du doigt la ligne de fracture d'une partie des socialistes avec La France insoumise. Il se disait prêt à reprendre les discussions avec l'Elysée, "parce qu'il y a une possibilité entre les deux extrêmes".

Une ligne partagée par d'autres au sein du PS, notamment Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, à la tête d'une deuxième motion d'opposition. Tout sourire, les deux élus ont organisé une conférence de presse vendredi, accompagnés de tout ce que le parti compte comme rivaux au premier secrétaire actuel : la maire adjointe parisienne Lamia El Aaraje, le député européen François Kalfon, le patron des sénateurs Patrick Kanner, le maire de Montpellier Michael Delafosse, la présidente de la région Occitanie Carole Delga ou le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, qui s'est dit "disponible" pour Matignon.

Toutes et tous sont venus clamer haut et fort qu'il fallait "changer de stratégie" et quitter "le bruit et la fureur". Mais comment faire concrètement ? A cette question, aucune réponse claire. "On doit créer une majorité de non censure", a plaidé Carole Delga. "La vocation des socialistes, c'est de gouverner donc nous sommes candidats pour le faire, sur la base du choix des électeurs", confiait ainsi à France Télévisions un député européen, refusant cependant de participer à "un gouvernement macroniste ou de droite".

"Si vous allez avoir la droite, vous serez la droite"

Olivier Faure, lui, balaie tout soutien à quelqu'un qui serait "l'obligé" du président de la République. Le député de Seine-et-Marne défend toujours la candidature de Lucie Castets. La direction du PS a pris soin d'afficher son unité en organisant un meeting en fin de journée en présence de la candidate choisie par le Nouveau Front populaire pour diriger le gouvernement, mais aussi de Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes-EELV.

Si les 66 députés socialistes choisissaient de soutenir un autre gouvernement que celui du NFP, ils seraient "minoritaires dans un gouvernement de droite", a lancé le chef des socialistes au public, jugeant que "si vous allez avec la droite, vous serez la droite". Lucie Castets, arrivée sous les acclamations des militants socialistes, a assuré qu'Emmanuel Macron "veut bien accepter que la gauche accède aux responsabilités, mais à une condition : qu'elle cesse d'être la gauche".

"Emmanuel Macron veut briser le PS"

Officiellement, la haute-fonctionnaire est toujours la candidate des socialistes et du Nouveau Front populaire pour Matignon. "Est-elle légitime pour déterminer l'avenir de la gauche ? Il y a débat", s'interroge un sénateur socialiste, estimant qu'il faut plutôt s'interroger sur l'avenir de "l'alliance" des partis de gauche.

Au-delà du nom du prochain Premier ministre, chacun semble avancer ses pions pour les prochaines échéances électorales, et surtout la présidentielle de 2027. Une partie des socialistes espèrent pouvoir se passer d'une alliance avec La France insoumise. Un pari risqué. Il y a trois ans, la candidature d'Anne Hidalgo, la maire de Paris, n'avait recueilli que 1,75% des voix lors du premier tour.

Les divisions des socialistes pourraient faire les affaires du président de la République. "Emmanuel Macron veut briser le PS comme il l'a fait avec Les Républicains, c'est sa priorité du moment", confiait ainsi l'entourage d'un ministre à France Télévisions en début de semaine.

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