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Primaire PS : un deuxième débat plus vivant que le premier

Les six candidats à la primaire socialiste se sont confrontés une deuxième fois ce soir à la télévision. Plus pugnaces, ils se sont opposés sur l'économie où la barre a été souvent placée à gauche. En revanche, sur les questions de société comme la sécurité et l'immigration, les candidats ont révélé un Parti Socialiste bien plus réaliste que par le passé.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©REUTERS/POOL New)

"Gauchisation" du débat économique avec Montebourg, Royal et Aubry
_ D’entrée, Ségolène Royal, Martine Aubry et Arnaud Montebourg font des propositions marquées à gauche. En cas de victoire à l’élection présidentielle, Ségolène Royal annonce comme mesures immédiates une réforme bancaire, un blocage du prix de l’essence et de produits de première nécessité. Martine Aubry annonce une réduction de 30 % du traitement du président de la République et une égalité salariale homme/femme dans l’entreprise. Arnaud Montebourg annonce la mise sous tutelle des banques avec l’entrée de l’Etat dans leur capital et le rapatriement de l’argent caché dans les paradis fiscaux.

Plus au centre : Hollande, Baylet et Valls

François Hollande est moins radical : il veut rétablir la confiance, s’engager pour la jeunesse et faire une grande réforme fiscale. Manuel Valls promet des mesures institutionnelles : rétablir un "vrai" 1er ministre, une vraie indépendance entre pouvoir exécutif et judiciaire.
Jean Michel Baylet annonce, lui, qu’il veut une relance de l’Europe et un rassemblement de la France.

Le débat s’anime autour du retour au dirigisme économique

Sous l’influence d’Arnaud Montebourg et de l’aggravation de la crise, Ségolène Royale et Martine Aubry apparaissent plus "roses foncées" : pour Martine Aubry, il faut mettre la finance au service de l’économie. Comme la crise est là, il faut relancer la croissance, l’emploi et le pouvoir d’achat. Ségolène Royale pousse pour un retour à un certain blocage des prix (essence et des produit de 1ere nécessité), mais aussi l’entrée de l’Etat dans le capital des entreprises stratégiques et l'interdiction des "licenciements boursiers".
_ Arnaud Montebourg veut du protectionnisme et des taxes sur les produits venus de pays qui ne respectent pas les règles sociales et qui sont, eux même, protectionnistes vis à vis de l’Europe.

Face à cette surenchère, Manuel Valls a peur de "la course" à qui fait les plus grosses propositions. "Il faut dire la vérité aux français" dit-il ; "l’effort que les français devront faire sera aussi important que celui fait après la 2eme guerre mondiale".
"Ce n’est pas en surtaxant qu’on réglera les problèmes", ajoute-t-il. Jean Michel Baylet est sur un mode assez proche : "ne nous racontez pas de balivernes" lance-t-il, avant d’ajouter "attention aux promesses de mesures dirigistes".

François Hollande estime, lui, que face à la situation que les socialistes trouveront en mai 2012 s’ils gagnent, "on ne pourra tout dire et tout faire" : il veut poser des règles au système bancaire et un plan de coordination des économies européennes. Il flatte les jeunes en disant qu’on n'a pas tout essayé pour eux ; il rappelle alors son projet de contrat de génération.

TVA sociale : Valls à 1 contre 5

Quand Manuel Valls propose une TVA sociale, il provoque l’opposition des autres concurrents. Arnaud Montebourg dénonce cette "solution de droite" . Manuel Valls et Arnaud Montebourg s’opposent alors : Valls se revendique de gauche car "il veut le langage de vérité" : "Quand je parle de sécurité, de laïcité, de désendettement, c'est parce que je suis de gauche", ajoute-il.
Hollande conclut et se pose en rassembleur sur ces questions économiques : "il y a des idées, c’est bien", dit il en proposant une "contribution écologique" qui permettrait de se substituer à la taxe sur le travail.

Droitisation sur les questions de sécurité et d’immigration

En dénonçant l’échec de Nicolas Sarkozy sur la sécurité, les candidats s’accordent globalement sur la nécessité de sanctionner quand il le faut la délinquance. A des degrés divers, ils se sont tous bien éloignés de l’angélisme de gauche des années 80.

C’est un peu la même chose sur l’immigration : aucun des candidats ne prône une régularisation massive des sans-papiers. Il faut des critères. Arnaud Montebourg apparaît comme le plus progressiste ; quand à Manuel Valls, il estime que "notre système d’intégration ne marche plus". Il faut réorganiser l’immigration. Des critères d’intégration.

Enfin, sur la morale en politique, les candidats se retrouvent aussi pour revoir le statut du chef de l’état. Face aux affaires actuelles, ils insistent sur la nécessité d’un retour vers un état plus juste.
Arnaud Montebourg parle alors de son combat contre la corruption et va jusqu’à évoquer les problèmes du PS avec l’affaire Guérini à Marseille. Martine Aubry lui répond sèchement en affirmant que dans cette affaire, elle a fait ce qu’elle avait à faire quand elle était patronne du PS. Manuel Valls s’insurge alors de cette bisbille Aubry-Montebourg.

Au final, au bout de deux heures et demie, ce deuxième débat est apparu comme plus vivant que le premier, plus pugnace, même si les candidats réussissent à maintenir une impression de camaraderie qui doit leur permettre de se réunir le moment venu, une fois le vainqueur de la primaire désigné.

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