Présidence du Sénat : duel à fleuret moucheté à l’UMP
A trois jours des élections sénatoriales et moins de trois semaines de l’élection du président, seuls deux candidats se sont déclarés : le rapporteur général du Budget Philippe Marini et l’ancien ministre du Travail Gérard Larcher. Mais c’est entre ce dernier et l’ancien Premier ministre -non encore déclaré- Jean-Pierre Raffarin que la bataille fratricide se joue.
L’ancien chef du gouvernement ne fait pas mystère de ses ambitions, et devrait officialiser sa démarche juste après le scrutin de dimanche. Et en tout cas avant mardi soir, date limite de dépôt des candidatures.
Le début de semaine pourrait d’ailleurs réserver quelques surprises. D’autres candidats sont en embuscade, comme le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin. Ou encore l’ancien ministre du Budget Alain Lambert qui pourrait se présenter en franc-tireur ; il a d’ailleurs écrit à tous ses collègues, opposition comprise et coupon-réponse joint, pour leur demander s’ils jugeaient sa candidature opportune. Enfin, l’actuel président Christian Poncelet, du haut de son "plateau" et de ses 80 printemps, n’a pas tout à fait jeté l’éponge… Il pourrait s’inscrire en sauveur en cas de duel trop serré entre les favoris.
Duel fratricide
Sous les ors et dans les salons feutrés du Palais du Luxembourg, les candidats s’activent et rencontrent beaucoup. A la buvette, au restaurant, ou dans la fastueuse salle des conférences. Plus l’échéance approche, plus l’affrontement Larcher / Raffarin s’intensifie.
Le premier, 59 ans depuis dimanche, est très apprécié de ses pairs, notamment pour sa discrétion. Issu de l’ex-RPR, il peut compter sur les réseaux gaullistes et la franc-maçonnerie, très représentée au Sénat. Il est sur tous les fronts, présidant notamment la commission spéciale chargée de la Loi de modernisation de l’économie et une mission sur l’hôpital.
Le second, 60 ans en août, est issu du Parti républicain (giscardien). Il cultive cette sensibilité plus centriste et bandit l’étendard de la "diversité" dans l’UMP, face au monopole des gaullistes. Fort de sa stature d’ancien Premier ministre (Larcher fut ministre du Travail du gouvernement Raffarin III), il multiplie les déplacements sur le terrain. Tous deux se marquent à la culotte, affichent leur volonté de moderniser et rendre visible l’action du Sénat.
Et leur proximité avec le chef de l’Etat, même si cela reste un exercice très délicat. En 1998, le président Chirac soutenait Monory et c’est Christian Poncelet qui l’avait emporté. "La personnalité compte autant que l’étiquette", souligne le sénateur centriste Jean Arthuis. Et un autre centriste de rappeler la citation de Jean-Claude Gaudin : "Au Sénat, on tue aussi. Mais quand les cadavres tombent, ils font moins de bruit parce que la moquette y est plus épaisse…"
Gilles Halais avec agences
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