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Pourquoi François Fillon veut s'implanter électoralement à Paris?

François Fillon et Rachida Dati s'affrontent en coulisses pour la même circonscription législative à Paris. Le parachutage du Premier ministre préparé de longue date devait mettre fin aux divisions de l'UMP dans la capitale. Il les ravive. Décryptage
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
photo montage de dati et Fillon (Auteur / Source / Crédit JEAN-FRANCOIS MONIER BERTRAND LANGLOIS / AFP)

François Fillon et Rachida Dati s'affrontent en coulisses pour la même circonscription législative à Paris. Le parachutage du Premier ministre préparé de longue date devait mettre fin aux divisions de l'UMP dans la capitale. Il les ravive. Décryptage

Mars 2008. Dès le soir du deuxième tour de l'élection municipale à Paris, Françoise de Panafieu la candidate malheureuse de l'UMP abandonne la mairie du XVII ème arrondissement et se met en retrait. Qui pour la remplacer comme leader de la droite parisienne? Qui pour être candidat en 2014? Très vite, dès l'automne 2008, une hypothèse prend corps. Pourquoi pas François Fillon? "Les rivalités n'ont pas été réglées par la municipale de 2008. Une solution en interne n'était pas possible. Ce n'est pas vrai. Trop de divisions. Il nous fallait quelqu'un de légitime, avec de l'expérience et une visibilité nationale", exlique Jean François Lamour, président du groupe UMP Paris, rallié assez tôt à la candidature Fillon. Celle-çi avait l'avantage de mettre toutes les autres ambitions sous l'éteignoir. De son côté le Premier ministre restait marqué par son échec aux régionales de 2004 dans les Pays de Loire, son fief de toujours.

Une candidature secrète

Mais voilà, officiellement, il s'occupe des affaires de la France et ne peut rendre publiques ses intentions. Son entourage à Paris se charge d'alimenter régulièrement la rumeur et de tâter le terrain. Pendant ce temps, Rachida Dati prend la mesure de son mandat à la mairie du VII ème. En 2008, elle renonce à se présenter aux élections internes de la fédération UMP. Trop risqué."Au début, Rachida Dati ne disait bonjour aux gens que quand elle avait besoin d'eux. Pas idéal pour être populaire et gagner des élections internes " , témoigne un conseiller de Paris. Philippe Goujon est réelu. Une solution de continuité pour éviter l'éclosion d'une nouvelle ambition et préparer tranquillement l'arrivée de M. Fillon.

Les pions s'avancent en coulisses

Mars 2010: élections régionales. Une nouvelle figure arrive sur Paris: Chantal Jouanno, tête de la liste de l'UMP dans la capitale. Femme, quadra, profil moderne supposé plaire à l'électorat bobo parisien. Un profil somme toute assez proche de celui de Mme Dati, qui monte aussitôt au créneau au printemps 2010 quand Mme Jouanno fait part de son interet pour les municipales dans le sillage de François Fillon. D'autres voix commencent à se faire entendre: celle des maires d'arrondissements UMP. Le G8 comme ils se surnomment. Ils se vivent comme un contre-pouvoir à la fédération UMP de Paris. Ils expliquent :"Si Fillon veut venir à Paris, il doit le dire assez vite pour qu'on se prépare et que lui prépare son implantation". C'est une première brèche dans l'unanimité autour de sa candidature.

La division ravivée

Printemps-été 2011. La brèche s'agrandit avec la préparation de la liste sénatoriale pour Paris décidée à Matignon et à l'Elysée. Le choix de Chantal Jouanno comme tête de liste fait grincer quelques dents. Mais celui du numéro 4 suscite la colère du G8. Il s'agit de Daniel-Georges Courtois, un proche du Premier ministre, considéré comme un "apparatchik" par les autres. Du coup, une partie des maires d'arrondissements,soutenue par la jeune garde de l'UMP Paris, s'allie avec Pierre Charon, jusqu'içi solitaire. La liste dissidente de l'ancien conseiller à l'Elysée réussit son pari. Il devient sénateur. Un signal envoyé à M. Fillon. S'il veut venir à Paris, il ne doit pas s'appuyer sur ses proches qui tiennent la fédération UMP de Paris.

Les résultats des sénatoriales obligent donc le Premier ministre à accélérer son calendrier. Il doit rassurer sur sa détermination la base des élus UMP qui le soutient. Il officialise quasiment sa candidature aux législatives à Paris lors d'une remise de légion d'honneur en octobre. Trop tard? Car la seule circonscription libre et gagnable à Paris est celle que brigue aussi Mme Dati. Offensive médiatique de l'ancienne garde des sceaux qui espère agréger autour d'elle les mécontentements divers. Réaction d'un partisan de M.Charon "Pour l'instant, on ne la soutient pas encore, mais on la comprend". Depuis M.Fillon a reçu à Matignon M.Charon. Ses partisans vont avoir plus de place au sein de l'organigramme de la fédération UMP. Une façon de tenter de maintenir Mme Dati isolée.

Duel Copé-Fillon

"Notre problème ce n'est pas Rachida Dati, mais Jean-Fraçois Copé", explique un conseiller de Paris, proche de M.Fillon. "Il veut faire de Paris un champ de bataille pour la présidentielle de 2017". Pourtant M.Copé, en marge des cérémonies du 11 novembre, a signé l'armistice confiant son envie d'en finir avec les querelles. Il y a un mois l'entourage de M.Copé évoquait déjà l'idée d'un pacte entre les deux hommes. A M.Fillon la mairie de Paris , à M.Copé le parti. Ce pacte a toujours été démenti par l'entourage de M.Fillon, celui-çi comptant bien peser à l'UMP sur les questions nationales après 2012 et ne pas être rélegué aux seules affaires parisiennes.

Mais la possible élection de M. Fillon à l'Assemblée ne réglera pas la question du leadership à Paris pour 2014. Les jeunes élus UMP de Paris, regroupés dans le groupe "Génération Paris Seine" ont lancé une pétition pour l'organisation de primaire afin de désigner le candidat UMP. M. Fillon n'en a pas exclu le principe, au risque de susciter une concurrence, notament celle de Mme Dati. M. Fillon aurait confié à des élus parisiens: "Rassurez vous je ne ferai pas comme Philippe Seguin (candidat RPR aux municipales de 2001 face à JeanTibéri). J'irai jusqu'au bout et je tenterai de rassembler"

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