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Pour devenir propriétaire en Corse, il faudra y vivre

L'Assemblée de Corse a adopté, ce vendredi, une décision qui oblige à être résident permanent de l'île depuis au moins cinq ans pour y devenir propriétaire. Cette mesure, qui devrait faire polémique, a été prise pour lutter contre la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière dans la région. Le Parlement devra maintenant se prononcer sur cette mesure.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Matthieu Mondoloni Radio France)

Si vous n'habitez pas en Corse et que souhaitez y acheter un appartement, une maison ou un terrain, vous devrez d'abord louer, pour au moins cinq ans. C'est la décision que vient de prendre, ce vendredi matin, l'Assemblée de Corse. Par 29 voix contre 51, les élus ont en effet adopté le statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire sur l'Ile de Beauté.

Cette mesure, dont l'idée avait été lancée par les nationalistes, est destinée à lutter contre la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière qui agitent l'île depuis plusieurs années maintenant. En Corse, 40% des logements sont désormais des résidences secondaires, appartenant généralement à des continentaux ou à des étrangers.

Les résidences secondaires au coeur d'une économie parallèle

"Il s'agit simplement de faire face à l'appropriation massive de foncier pour construire des résidences secondaires (...) qui crée au quotidien des dommages économiques, sociaux et même politiques ", a expliqué le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi. Selon le député PRG de Haute-Corse, ce statut "casse toute velléité de spéculation ".

Car, en Corse, beaucoup des résidences secondaires sont louées au noir, et bien souvent à des prix très élevés échappant à tout contrôle de l'Etat. Cette activité économique parallèle, qui a explosé avec le développement des sites de locations sur Internet, met de plus en plus en difficulté les secteurs du tourisme. Or c'est la principale activité économique de l'île.

"Une victoire politique importante "

Environ 310.000 personnes, en majorité d'origine non corse, vivent dans l'île où s'installent chaque année 4 à 5.000 nouveaux venus. Pour le nouveau maire de Bastia, le nationaliste modéré Gilles Simeoni, "il s'agit simplement d'éviter que des gens qui ont les moyens de se payer un territoire possèdent à distance une île comme la nôtre au détriment de sa population ".

Et l'édile de saluer sur Twitter une "victoire politique importante " qui "réaffirme solennellement que le lien unissant les Corses à leur terre (...) est un élément constitutif de l'identité collective du peuple corse ".

Des dispositions particulières seront prévues pour les Corses de l'extérieur composant ce qui est traditionnellement appelé dans l'île, la diaspora. Mais l'adoption du statut de résident n'est "en rien discriminatoire ", souligne Paul Giacobbi, rappelant que "toutes sortes de droits sont déjà liés
en France à la résidence, qu'il s'agisse notamment de fiscalité ou de stationnement
".

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"Il n'y aura pas de résultat au niveau de la République et de l'Union européenne ", juge de son côté le député UMP de Corse-du-Sud, Camille de Rocca Serra, également élu territorial et qui a voté contre ce vendredi.

L'adoption de ce statut doit en effet être soumise au vote de l'Assemblée nationale et du Sénat. Le parlement devant aussi se prononcer sur l'inscription de la Corse dans la constitution.

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